L’eau pour la vie, pas le profit

A l’occasion de la journée internationale de l’eau, le Secours Islamique France (SIF) a participé à l’écriture et signé comme plus de 550 associations une déclaration en faveur du droit universel à l’eau potable.

L’eau est un bien commun, et un droit fondamental pour tout être humain. En tant qu’ONG de solidarité nationale et internationale, le Secours Islamique France (SIF) s’oppose fermement à toute spéculation sur cette ressource dans les marchés boursiers. 

Notre association d'aide humanitaire a donc participé à l’écriture et signé une déclaration commune et mondiale émanant de la société civile :

« L’eau pour la vie, pas le profit ! »

Initié par la Coalition Eau et la fondation France Libertés, ce document comptait plus de 550 signatures le lundi 22 mars 2021, marqué par la Journée internationale de l’Eau. Il est notamment consultable en ligne sur cette page du site de la Coalition eau et relayé ici par le journal Libération. Les objectifs sont limpides et multiples :

- Faire valoir une opposition forte et communes des associations et collectifs d’organisation émanant de la société civile dans tous les pays contre la financiarisation de l’eau ;

- Inciter chaque personne à revendiquer son propre droit à l’eau. Nous devons tous refuser l’emprise des financiers sur l’eau. L’urgence est réelle : protéger ce bien commun pour les générations présentes et à venir, c’est se mobiliser dès maintenant pour se le réapproprier avant qu’il ne soit trop tard ;

- Interpeller les pouvoirs publics, qui doivent prendre leurs responsabilités et s’opposer à la financiarisation de la source fondamentale de la vie. Des mesures très fermes sont absolument nécessaires pour rendre illégale la cotation de l’eau en bourse.

L’eau doit rester un bien commun,
pas devenir un objet de spéculations

Partout dans le monde, les ressources en eau subissent de nombreuses pressions liées à l’intensité de l’activité humaine : pollution, gaspillage, croissance démographique, urbanisation, évolution des modes de consommation, expansion agricole, etc. Une situation compliquée, encore davantage dégradée par les effets du réchauffement climatique. Véritable fléau, il impacte fortement la qualité et la disponibilité des ressources en eau.

La Journée mondiale de l’eau est l’occasion pour le Secours Islamique France (SIF) de tirer la sonnette d’alarme. A l’heure actuelle, ce qu'ils surnomment « l’or bleu » est considéré par certains agents économique comme une simple marchandise à rentabiliser.

Dans ce schéma, l’eau est perçue comme un produit comme un autre, portant une valeur économique et financière transposable sur les marchés financiers. Dans plusieurs pays tels que les Etats-Unis, l’Australie et le Chili, des « marchés de l’eau » ont été mis en place !

Ce mécanisme favorise dans la gestion de l’eau les acteurs économiquement puissants. La contradiction est totale avec la résolution prise par l’Assemblée générale de l’ONU en 2010 : l’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires adaptées sont des droits humains fondamentaux. Ce droit impose donc de rendre ces services constamment disponibles, sans danger et de qualité acceptable, accessibles facilement physiquement et financièrement.

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 Fort de son expertise en eau, hygiène et assainissement, le Secours Islamique France (SIF) intervient lors de grands évènements internationaux sur le sujet.
Ici à Stockholm (Suède) en 2019 lors de la Semaine mondiale de l’Eau.

Pour la toute première fois, le département de l'ONU en charge des questions d'eau et d'assainissement (UN-Water) a jugé que les États doivent quadrupler leurs efforts.
C’EST CONSIDÉRABLE !

Plus de 2 milliards de personnes vivent toujours
sans eau potable

Une nouvelle menace teintée d’ultralibéralisme pèse donc sur une situation compliquée dans de nombreux pays du globe, où les populations les plus vulnérables sont déjà très fragilisées. Dix ans après la résolution et cinq après l’adoption de l’Agenda 2030 sur le Développement durable et les Objectifs de Développement Durable 6 (ODD 6), ce n’est pas moins de 2,2 milliards de personnes qui vivent toujours sans accès à l’eau potable, selon l’OMS et l’UNICEF.

Pire encore, ils sont 4,4 milliards, soit deux individus sur trois, à ne pas bénéficier d’installation sanitaires fiables. Le rapport alerte d’ailleurs qu’au rythme actuel, les objectifs fixés pour 2030 ne seront pas atteints. Source de vie par excellence, l’eau doit donc échapper aux lois du marché et rester un droit humain fondamental, inaliénable et accessible à tous.

En s’associant à la déclaration « L’eau pour la vie, pas le profit » le Secours Islamique France (SIF) souhaite également interpeler les gouvernements en pointant leurs contradictions entre les politiques menées et leurs engagements au niveau du droit international. Il est plus que nécessaire et urgent de réguler pour protéger les ressources en eau.

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Dans les régions isolées et coupées des réseaux d’approvisionnement, l’eau potable est extrêmement rare, les villageois ont besoin d’aide

Soutenir l’agriculture écologique et respectueuse

Abandonner le modèle d’agriculture intensive et productiviste aux conséquences désastreuses pour notre planète est indispensable. Il doit être remplacé par une alternative déjà existante : les systèmes agricoles et alimentaires agro-écologiques et paysans. Ces techniques respectent l’environnement.

Soutenir l’agriculture à taille humaine et éco-responsable, tant au niveau national que dans le cadre des politiques de coopération  internationale, passe nécessairement par la protection de l’accès à l’eau.



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Le SIF soutient ses bénéficiaires dans la mise en place d’une agriculture pérenne, alimentée par une eau assainie

LE SIF LE RAPPELLE : L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT SONT DES DROITS HUMAINS FONDAMENTAUX !

Les États sont redevables

Pour l’heure, le chemin qu’il reste à parcourir est immense. Les États qui n’ont pas transposé la résolution onusienne de 2010 dans leurs législations nationales sont encore beaucoup trop nombreux. Si l’engagement de « ne laisser personne derrière » reste au cœur des discours, la réalité des enjeux d’accès à l’eau trahit des inégalités à tous les niveaux : entre pays et régions du monde, à l’intérieur même des pays, en fonction du genre ou du revenu, par l'exclusion de groupes marginalisés et discriminés.  Les États sont pourtant juridiquement redevables au regard du droit international sur le fait de garantir, protéger et promouvoir les droits humains à l’eau et l’assainissement.

Information et participation des citoyens

En parallèle, les détenteurs de droits que sont les citoyens doivent pouvoir les revendiquer et participer aux décisions qui les concernent. C’est pourquoi il est nécessaire de les informer avec transparence pour qu’ils aient tous les éléments en main et de les impliquer dans l’élaboration des politiques et des programmes de terrain.

Pour mettre un point final aux inégalités d’accès, il est ainsi indispensable de porter une attention particulière aux populations les plus pauvres, vulnérables, ou marginalisées. Les intégrer dans les processus de décision doit être une priorité. Cette démarche est synonyme de lutte contre toutes les formes de discrimination en identifiant clairement leurs causes profondes, ancrées dans nos systèmes sociaux, économiques et culturels.

La primauté de l’économie et la recherche de la rentabilité ne peut donc pas, et ne doit pas, être appliquée à l’eau potable. C’est même le contraire : tout doit être fait pour assurer et faciliter l’accès à tous dans les conditions les plus abordables, saines et pérennes possibles.

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Deux petites filles d’une zone rurale et isolée s’abreuvent avec un puits foré par le SIF. 
L’eau est un bien commun et doit le rester

EN TANT QUE BIEN COMMUN ET DROIT HUMAIN,
L’EAU DOIT ETRE GÉRÉE DEMOCRATIQUEMENT

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A Madagascar, le SIF a appuyé des villageois pour les aider à construire un barrage et mieux gérer leurs ressources en eau

POUR APPROFONDIR LE SUJET

UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE L'EAU
PRÉVUE PAR L'ONU EN 2023 

Un évènement majeur se profile à l’horizon et attire particulièrement l’attention du SIF. En mars 2023, une Conférence internationale sur l’Eau se tiendra à New York (Etats-Unis) sous l’égide de l’ONU. L’intégralité des gouvernements seront rassemblés, tandis que la coprésidence sera assurée par le Tadjikistan et les Pays-Bas.

Ces moments de débats et d’échanges s’annoncent exceptionnels. Il s’agira ainsi de la toute première conférence mondiale d’une telle envergure chargée de traiter de l’ensemble des enjeux de l’eau douce depuis 1977.

Seules les réunions de haut niveau politique organisées par les Nations unies peuvent donner lieu à des décisions globales et considérées comme engageantes pour les États. Elles font ensuite l’objet d’un suivi par un mécanisme institutionnalisé.

Cette Conférence internationale de l’Eau sera donc un rendez-vous à ne pas manquer. Il s’agira de prendre des décisions politiques fortes au niveau mondial pour accélérer les actions facilitant la réalisation de l’ODD6. Pour le Secours Islamique France, cet évènement doit permettre l’instauration de réunions intergouvernementales régulières sur l’eau, l'hygiène et l’assainissement.

En attendant, un évènement d’une telle importance s'anticipe, donc se prépare longtemps à l'avance. Le 18 mars 2021, les Nations Unies et les États ont participé à une première réunion de haut-niveau. Organisée par le président de l’AG des Nations Unies, Volkan Bozkir, elle est la première d’une série qui mènera à mars 2023.