Le Secours Islamique France
au soutien des étudiants
Déprime, revenus en baisse voire devenus inexistants, solitude… En France, des milliers d’étudiants s’enfoncent dans la précarité chaque jour à cause de la crise sanitaire. Ils sont désormais un sur quatre à vivre sous le seuil de pauvreté. Le SIF a lancé le vendredi 2 avril une nouvelle action d’urgence en leur faveur, qui sera pérennisée. Décryptage et témoignages…
« En vingt-deux ans de carrière dans le social, je n’avais jamais vu autant d’étudiants en situation de précarité » Travailleur social au Secours Islamique France, Rachid ne cache pas ses inquiétudes, en ce début de matinée de ce 2 avril. Comme le reste de son équipe, il s’apprête à procéder à une distribution sociale dans nos locaux de Saint-Denis.
Alignés et masqués sur le trottoir, 50 étudiants attendent patiemment. Chacun d’entre eux repartira avec un colis solidaire de près de 40kg. À l’intérieur, des denrées alimentaires, mais aussi des produits d’hygiène de première nécessité qu’ils n’ont plus les moyens de se procurer.
Comme des milliers d’étudiants en France, ce bénéficiaire a désormais besoin d’aide alimentaire pour survivre
Pour cette nouvelle opération du SIF en faveur des étudiants, réalisée en collaboration avec l’Université de Paris VIII, une plateforme numérique d’inscription a été créée sur le site helloasso.com.
Il faut dire que l’urgence est réelle. Selon l’Observatoire de la Vie étudiante, un étudiant sur quatre vit désormais sous le seuil de pauvreté ! Les prévisions sont d’ailleurs très pessimistes : les traditionnels « petits jobs » étudiants sont devenus très rares. Malheureusement, ils sont des milliers à avoir perdu leur source de revenu à cause de la crise sanitaire et sombrent chaque jour un peu plus dans la précarité.
Rachid (Travailleur social au SIF) accueille une étudiante précaire avec bienveillance…et du soutien alimentaire pour l’aider
« Les étudiants avec lesquels j’ai échangé sont complètement perdus, ils sont en souffrance. Ils ont l’impression d’avoir fait énormément d’efforts pour rien et ne plus avoir aucune perspective d’avenir. Certains se retrouvent à la rue, ils n’ont plus rien ni pour manger, ni pour payer le loyer. La COVID-19 fait des ravages, on ne peut pas les abandonner comme ça… »
Sonia, Hayoub, Mélissa, Aurélie, Issa et Fatima ont dû rater les cours ou mettre leurs travaux de recherche entre parenthèses pour se présenter au rendez-vous du SIF. Le visage marqué, ils ont tous accepté de témoigner* pour vous sur les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.
« Je ne vis plus, je survis… »
« Avant la crise sanitaire, je m’en sortais. Je travaillais dans une chaîne de vente de parfum. Mais je n’étais qu’en CDD : du jour au lendemain, toutes les personnes en CDI ont été mises au chômage partiel, et les employés comme moi n’ont pas été conservés. Le simple fait de manger est devenu très compliqué. Je pleure beaucoup, je me sens de plus en plus triste, seule, chez moi. Je ne vis plus, je survis, même si je garde la tête haute : j’essaie d’avancer du mieux que je peux… »
« Je ne peux plus m’acheter à manger »
« Habituellement, mes parents m’envoyaient un peu d’argent pour m’aider à vivre. Depuis la COVID-19, ils n’en ont plus les moyens. J’essaie de travailler un peu à droite et à gauche mais je n’arrive pas à trouver quelque chose de régulier. Je ne m’en sors pas. Je ne peux plus m’acheter à manger, j’ai deux loyers en retard. Chaque soir, je me couche en me demandant si je ne serai pas obligé de dormir sur un banc public le lendemain… »
« Moralement, je suis à bout… »
« Ce que fait le SIF pour nous est vital. C’est devenu tellement dur que j’ai pensé à tout plaquer. Ce sont mes amis qui m’ont convaincue de continuer mes études, mais je connais beaucoup d’étudiants qui ont arrêté. Je suis tellement anxieuse qu’il y a des périodes où je n’arrive plus à me concentrer ni à écrire, mon cerveau est comme bloqué. C’est très problématique quand on fait de la recherche… J’ai peur du présent comme de l’avenir. Avant la COVID-19, je n’avais pas d’énormes soucis. J’avais un peu d’argent pour vivre car je travaillais dans une bibliothèque. Je n’ai plus de travail, et je ne trouve rien. Ce n’est pas faute de chercher tous les jours… »
« J’ai peur de me retrouver à la rue »
« Le seul boulot que j’ai trouvé, c’est un contrat d’à peine 10 heures par semaine en tant que caissière. Quand j’ai payé mon loyer, le peu qu’il reste me sert à rembourser mon prêt bancaire. Je ne sais pas comment je vais tenir, j’ai peur de me retrouver à la rue. Si je ne quitte pas l’université, c’est que je veux que mes parents soient fiers de moi. Pourtant, j’en ai envie : étudier sereinement quand on ne pense qu’à trouver des solutions pour survivre, c’est impossible. »
« La vie est un combat… »
« Je n’ai pas d’autre choix que de tenir debout. La vie est un combat, je ne lâcherai rien et j’affronterai les problèmes. Cette action du SIF est capitale : que ce soit ma famille ou moi, on n’arrive pas à trouver de travail. Je suis donc venu pour récupérer des denrées qui serviront à subvenir à nos besoins à tous. Vraiment, merci à toute l’équipe du SIF et à ses donateurs, qui pensent à nous… »
« Avec la COVID-19, ma vie a complètement basculé »
« Je vis seule et je n’ai personne qui puisse m’aider. Ma source de revenus, le babysitting, c’est fini, il n’y a plus de mission. Ma vie a complètement basculé. Je n’ai même plus internet, je suis obligée de travailler mes cours sur mon smartphone. Sans aide alimentaire, je ne sais pas ce que je ferais…et on est beaucoup d’étudiants dans ce cas ! Le colis que le SIF vient de me donner, je vais en déposer une partie chez moi, puis je vais passer à l’Université pour partager le reste avec des gens de ma classe… »
En France, la précarité touche les étudiants très durement.
C’est grâce à votre générosité que nous pouvons les aider à s’en sortir.
*Par pudeur, aucun d’entre eux n’a souhaité apparaître à visage découvert en photo, un choix que nous respectons.