CONFLITS ARMES ET EDUCATION
« La déscolarisation a des conséquences multiples sur les droits de l’enfant »,
alerte notre Responsable plaidoyer adjointe en charge des questions sur les Droits de l’enfant.
Dans le monde, 1 enfant sur 5 vivent dans une zone de conflit, ou l’ont fuie. Plus de la moitié, soit 222 millions, ont besoin urgemment d’une aide en matière d’éducation ! Une réalité alarmante, que les équipes du SIF constatent malheureusement au quotidien sur le terrain dans nos pays d’intervention, que ce soit au Yémen, au Soudan, dans les pays du Sahel ou encore en Irak, au Nigéria ou en Syrie. C’est aussi le cas à Gaza, où nos équipes poursuivent leurs actions d’urgence, et ont récemment témoigné sur l’impossibilité pour les enfants d’y suivre une scolarité normale dans l’article On fait la classe entre les bombes, publié par le journal Le Parisien.
Très inquiète, Laura Le Floch, notre Responsable plaidoyer adjointe en charge des questions sur les Droits de l’enfant, tire la sonnette d’alarme à l’occasion de la Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques : les conflits armés empêchent les enfants de bénéficier de leurs droits !
Quel est l’impact des conflits sur l’éducation ?
Les enfants qui vivent dans un contexte de conflit sont deux fois plus susceptibles de ne pas être scolarisés que les autres. Par exemple, des écoles sont fermées, et souvent utilisées pour servir d’abri pour les personnes déplacées, donc qui ont tout perdu en fuyant le danger. D’autres établissements sont occupés par des forces armées, ou subissent des attaques délibérées : il y a eu plus de 6 000 l’an passé, soit une augmentation de 20 % ! Dans les deux cas, la scolarité des enfants touchés par ces crises s’interrompt du jour au lendemain.
Que deviennent ces enfants déscolarisés ?
Beaucoup de ces enfants ne retourneront pas à l’école, surtout quand les conflits se prolongent. Au-delà de perdre l'accès à l’apprentissage, leur accès à des services de base fournis par l’école et qu’ils ne trouvent plus ailleurs, comme l’accès à l’eau potable ou une alimentation en quantité suffisance, est largement compromis. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, malheureusement…
Pourriez-vous préciser un peu plus votre pensée ?
L’insécurité alimentaire et la perte des moyens d’existence peuvent contraindre les plus vulnérables à adopter des stratégies de survie néfastes pour les enfants. Ces derniers vont alors être déscolarisés, et être forcés à travailler forcé. Ils seront exposés aux abus de toutes sortes, voire même au recrutement par des groupes armés ! Les petites filles sont encore plus en danger, elles qui sont de 2 à 5 fois susceptibles d’être déscolarisées que les garçons. Elles peuvent être soumis aux mariages forcés et à des grossesses précoces. Sans école, l’avenir s’assombrit, à tous les niveaux.
L’éducation scolaire est donc fondamentale pour protéger les enfants…
Quand ils sont privés d’éducation, les enfants subissent de graves conséquences qui amoindrissent leur potentiel de développement. Leur santé mentale est extrêmement fragilisée. L’école est un lieu où ils peuvent extérioriser en exprimant leurs traumatismes. Ils jouent, recréent du lien avec d’autres enfants, ce qui leur fait retrouver un sentiment de normalité et de sécurité. C’est d’autant plus important qu’ils sont nombreux à être devenus orphelins d’un ou des deux parents, voire même d’autres membres de la famille.
En plus d’être déscolarisés, ces enfants sont donc isolés…
C’est très fréquent, même pour les enfants dont les parents sont encore vivants. Ce peut être le cas pour les déplacés forcés, les enfants peuvent se retrouver seuls, loin de leur famille. Les liens avec leur communauté d’origine sont complètement coupés. Et comme ces enfants sont bien souvent sans accès à des services de protection, le danger qui pèse sur eux est encore plus important !
Dans les camps de déplacés par le conflit à Gaza, les enfants sont privés d’école, et prennent un retard qui sera très difficile à rattraper