Un an après le début de la guerre en Ukraine, le conflit ne cesse de s'aggraver de jours en jours. Les destructions d'infrastructures clés fragilisent la population, qui manque de tout, de façon extrême. Mobilisé depuis le début des hostilités, le Secours Islamique France (SIF) continue d'apporter de l'aide humanitaire sur place, tant les besoins sont immenses.    

Le 24 février 2022, le déclenchement du conflit armé en Ukraine, conséquence de l’invasion russe, avait provoqué une onde de choc à l’échelle mondiale. La communauté internationale assistait alors, impuissante, au retour de la guerre en plein cœur de l'Europe. C’était il y a un an, déjà. À l’époque, le Secours Islamique France (SIF) s’était mobilisé dans les jours qui avaient suivi le début des hostilités pour apporter des réponses d’urgence. Sur le terrain, nos équipes avaient alors déployé des actions de distributions : paniers alimentaires de première nécessité, kits d’hygiène, et kits pour les nourrissons.

Dans un premier temps, le SIF avait agi dans des refuges et auberge, où s’abritaient des milliers de réfugiés. Des Ukrainiens, bien sûr, mais aussi des ressortissants de toutes les nationalités : des étudiants et familles avec enfants bloqués sur place, originaires du Maghreb, d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient… Ces premières interventions avaient ensuite été renforcées, tant les besoins étaient, et... restent  immenses. Cette année de conflits armés a provoqué la destructions d’infrastructures essentielles au quotidien d'une population sous le choc. Face à une crise humanitaire d’une telle ampleur, le SIF n’a jamais cessé d’agir en Ukraine.

Guerre en Ukraine : le SIF reste mobilisé sur le front humanitaire   

Par exemple, le SIF a récemment procédé à des distributions de colis alimentaires et de fours, du matériel destiné à la cuisine, mais aussi au chauffage. L’opération s’est déroulée dans deux villes en ruines, très difficiles d’accès. Notre équipe a commencé par Thernitvtsi, avant de se rendre à Izium. Située dans la région de Kharkiv, à plus de 1 100km, cette zone du Sud-Est de l'Ukraine est particulièrement dangereuse et sinistrée : c’est la conséquence de sa proximité avec le Dombass.

L’équipe du Secours Islamique France était accompagnée de son Directeur exécutif, Mahieddine Khelladi, qui reste profondément marqué par les traumatismes qui hantent encore la population locale :

« Pendant des mois, à Izium, des civils se cachaient dans des caves lugubres, entassés à plusieurs dizaines » confie le Directeur Exécutif du SIF, à propos des bénéficiaires de nos actions en Ukraine

« Izium a été occupée par les Russes pendant plus de 6 mois. Les habitants ont découvert douze salles de torture. Nous avons pu le constater nous-mêmes. Pendant des mois, des civils se cachaient dans des petites caves lugubres. Ils étaient entassés à plusieurs dizaines avec chiens et chats domestiques, bébés et personnes très âgées. Certains n’en sont pas sortis pendant des mois, sauf, m’a-t-on confié, pour aller chercher des escargots afin de manger, ou de l’eau pour boire… »

En outre, le Directeur exécutif garde également en mémoire les profondes traces laissées par la guerre. Dévastée, la ville d’Izium est à l’arrêt.

« L’agriculture est en berne à cause des mines et des combats » indique le Directeur exécutif du Secours Islamique France.

« Aujourd'hui la ville est comme éteinte, vidée de son âme. On voit très peu d'enfants et quasiment tous les commerces sont fermés. Les gens sont complètement démunis : il n’y a que très peu de travail, donc les sources de revenus sont faibles. L'agriculture est en berne à cause des mines, des combats, des entrepreneurs qui sont partis, des bâtiments agricoles qui sont détruits, administratifs. La population est encore sous le choc, et tente de survivre durant l'hiver, en attendant un peu de chaleur, d’aide et de reconstruction… »

De l’aide, une nécessité dans un pays où la population civile est la victime collatérale de la guerre. Selon l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), plus de 7 000 personnes ont été tuées et plus de 11 327 souffrent de graves blessures. Plus de 17,6 millions de personnes ne peuvent s’en sortir sans soutien humanitaire, dont 5 millions déplacées à l’intérieur même du territoire.

Face à un tel drame, le SIF a mis en place des actions d’aide humanitaire d’urgence. Des centaines de milliers de réfugiés, de tous horizons, sont en danger. Aux Ukrainiens s’ajoutent les ressortissants qui étaient expatriés, notamment originaires du Maghreb et d’autres pays d’Afrique, d’Asie, du Proche et du Moyen-Orient, dont des familles avec enfants en bas âge et des étudiants. Une grande partie d’entre eux est bloquée sur place, sans possibilité de rapatriement.

Le 15 mars, nos équipes ont lancé une première action en procédant à une distribution de paniers alimentaires de première nécessité (plats cuisinés en bocaux, pâtes, fruits secs, sucre, huile, café, thé, lait en poudre) dans une auberge hébergeant des réfugiés à Varsovie, en Pologne. La même action est prévue à Médyka, à la frontière de l’Ukraine. Ces établissements accueillent chaque jour plus de 70 réfugiés de tous horizons qui ont fui la guerre.

D’autres distributions sont également programmées par nos équipes directement sur le territoire ukrainien. En effet, le SIF intervient actuellement dans les refuges de Ternopil et Skalat, près de la frontière, où patientent des dizaines de milliers de réfugiés de toutes nationalités, parmi lesquelles de nombreuses personnes originaires d’Afrique et du Moyen-Orient.

Sur le terrain, nos équipes sont à pied d’œuvre face à la crise ukrainienne et procèdent à des distributions en faveur de réfugiés.

Notre soutien est renforcé par la distribution de kits d’hygiène. Cette aide est capitale, tant les bénéficiaires sont démunis : le kit fourni par le SIF est notamment constitué de brosses à dents, de dentifrice, de serviettes hygiéniques, de gel douche, de shampoing, de papier toilette, de pansements médicaux, etc.

On compte d’innombrables femmes et enfants extrêmement fragilisés, épuisés physiquement et psychologiquement. Parmi elles, des nouveau-nés… Dans la ville de Tchernivtsi, le SIF organise aussi une distribution de kits de première nécessité spécialement destinés aux bébés (lait, nourriture en pot, couches). 

Ioannis M., chef de mission du SIF : « Des millions de personnes n'ont plus rien. Elles ont froid, faim et sont épuisées »

Ioannis M., Chef de mission d’urgence du SIF est actuellement sur le terrain. Il a été particulièrement touché par la détresse de ces réfugiés qui affluent par centaines de milliers. Ioannis M. témoigne :

« Il y a tellement de monde à la frontière ukrainienne… Des réfugiés de toutes nationalités forment des files de plus de 5 km. Des millions de personnes très fragilisées attendent des jours entiers, elles n’ont plus rien, elles ont froid, elles ont faim et sont épuisées. Les gens sont très impactés psychologiquement. Il y a énormément d’enfants… Notre aide leur est indispensable. Nous ne pouvions pas ne pas agir. »

En Pologne, Ioannis M. a échangé avec trois étudiants marocains,  Ilias (23 ans), Ossama (21 ans) et son petit frère, Zaid (18 ans). Ces trois jeunes hommes étaient étudiants à Kiev : la médecine pour Ilias, et l’ingénierie en aéronautique pour ses deux amis. 

Comme des millions de personnes vivant en Ukraine, ils ont dû tout abandonner à cause de la guerre. Après sept jours d’attente dans la rue, à la frontière ukrainienne, sans prise en charge, Ilias, Oussama et Zaid ont parcouru 70 km à pied pour se réfugier en Pologne. Toujours sous le choc, Ilias s’est confié au SIF :

« C’est arrivé en pleine nuit. On a entendu des bombes partout, des gens criaient, on était choqués. À la frontière, on a souffert. Il faisait très froid, on n’avait pas de nourriture, pas d’eau. Il n’y avait même pas de toilettes. Autour de nous, beaucoup d’autres réfugiés souffraient de chocs thermiques. On a vu la mort en face ! Ces 7 jours ont été si durs qu’ils nous ont semblé interminables. On se rassure en se disant qu’on est vivants, même si ça reste difficile, on s’inquiète pour notre avenir : on souhaite pouvoir reprendre nos études au plus vite… »

Dans les pas de trois réfugiés face à la crise ukrainienne : l'article témoignage en entier

Les équipes du SIF mènent en ce moment même des distributions de produits de première nécessité en Ukraine et en Pologne en faveur de réfugiés qui ont fui les zones de guerre

* Source : Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), chiffres arrêtés au mercredi 30 mars 2022 à 17h30.

(**) Prix indicatifs donnés à titre d'exemple