URGENCE CRISE CLIMATIQUE – COP 28

LE SECOURS ISLAMIQUE FRANCE (SIF)
A PORTÉ LA VOIX DES PLUS VULNERABLES

Pour la sixième fois, une délégation du SIF a participé au plus grand et important forum mondial sur les conséquences du dérèglement climatique. C’était en décembre à Dubaï, et notre ONG a même organisé sa propre conférence pour alerter sur les problèmes rencontrés par les personnes déplacées internes.

C’est l’évènement mondial le plus important autour des problématiques liées au climat. Du 30 novembre au mardi 12 décembre, les représentants des 197 pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se sont réunis à Dubaï (Émirats Arabes Unis) pour la COP 28. Huit ans après la signature lors de la Cop 21 de l’Accord de Paris sur le Climat, elle avait notamment pour vocation de dresser un Bilan Mondial des engagements des États. Le principal était de tout mettre en œuvre pour limiter la hausse des températures en-dessous de 2 degrés tout en poursuivant leurs efforts pour la maintenir à 1,5 degrés maximum par rapport aux niveaux préindustriels

Au total, c’est plus de 100 000 participant(e)s qui étaient attendu(e)s, dont de nombreux actrices et acteurs de la société civile. Le SIF en fait partie. Très préoccupé par les conséquences des changements climatiques sur les populations vulnérables, notre ONG se devait de se rendre sur place pour porter leur voix auprès des décideurs. Le SIF a donc envoyé une délégation, emmenée par notre Président, Rachid Lahlou, et notre Directeur exécutif, Mahieddine Khelladi.

Globalement, le Secours Islamique France a relevé des points positifs lors de la COP 28. Pour la toute première fois, le texte qui en est issu pointe clairement du doigt les énergies fossiles, et nous ne pouvons qu'être enthousiastes de la création tant attendue du Fonds des Pertes et Préjudices. Enfin, le texte comporte des mentions à la crise de l’eau, aux déplacements forcés, et à l’action climatique en contexte de conflits. Ces problématiques sont cruciales à nos yeux : nous avons tiré la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises !

En revanche, en dépit des avancées, le SIF a quitté la COP avec des regrets : l’accord final, qui parle « d’engager la transition », reste vaste et peu contraignant. Nous tenons également à dénoncer la surreprésentation des lobbys de l’industrie des énergies fossiles, et la sous-représentation des femmes et des pays les plus touchés par le dérèglement climatique.    

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Comme ici en Somalie, des millions de personnes sont contraintes de se déplacer à cause de catastrophes liées aux changements climatiques. Elles ne peuvent s’en sortir sans aide humanitaire

COP 28 : le message du Président du SIF

« Les États doivent prioriser l’eau dans les stratégies et plans nationaux de lutte contre les changements climatiques »

Le dernier jour de la COP 28, Rachid Lahlou, le Président du SIF, avait tenu à s’exprimer au nom de notre ONG pour alerter sur l’impact du dérèglement climatique sur les plus vulnérables. Voici son message :    

« Nous agissons sur le terrain en soutien aux populations qui en sont victimes. Nous luttons contre les conséquences des changements climatiques en accompagnant les populations les plus vulnérables à s’adapter aux conséquences désastreuses, comme avec notre projet de fermes biosalines au Pakistan. Le SIF apporte également une aide d’urgence pour les populations touchées par les catastrophes (inondations, sécheresses). Le SIF est également engagé à son échelle pour réduire l’empreinte carbone et environnementale de nos actions.

Cette année, à la COP, nous suivons les négociations et participons aux discussions concernant les enjeux de l’eau et des déplacements forcés. Nous sonnons l’alerte sur les impacts multiples et de long terme des déplacements liés aux catastrophes et aux changements climatiques sur les personnes et les communautés, en particulier les plus vulnérables. Nous alertons aussi sur la nécessité de mettre l’eau douce sur la table des négociations.

L’eau est le premier vecteur des changements climatiques, responsable des sécheresses, inondations, ouragans, élévation du niveau de la mer, participant à long terme à la dégradation des terres. En 2050, c’est 40 % de la population mondiale qui sera confrontée à des pénuries d’eau en 2050. C’est un risque majeur de conflits et de migrations forcées. Les États doivent prioriser l’eau dans les stratégies et plans nationaux de lutte contre les changements climatiques, en cohérence avec les objectifs de l’agenda 2030 (ODD6). »

COP 28 : le SIF pointe le lien entre changements
climatiques et déplacements internes

Pour sa sixième participation à une COP, le Secours Islamique France a organisé un évènement, fondé sur sa longue expérience du terrain. C’était le 5 décembre, en collaboration avec l'IDMC (Internal Displacement Monitoring Centre) et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le thème ? Une problématique cruciale, à laquelle le SIF répond sur le terrain : Déplacements internes, catastrophes et changement climatique : quel rôle pour les acteurs du développement en matière de solutions durables et de prévention et réponse aux pertes et préjudices ?

À notre époque, malheureusement, les changements climatiques aggravent les déplacements forcés, ce qui met en danger les droits humains et la stabilité des sociétés. Actuellement, à la fin de l'année 2023, c’est plus de 114 millions de personnes qui sont des déplacées forcés. Ce chiffre qui ne fait qu’augmenter est un triste record, preuve que la situation s’avère plus que préoccupante. Notre délégation a rappelé que la coopération internationale est essentielle pour intégrer ces défis dans les politiques climatiques, promouvoir l'adaptation, et garantir une transition équitable vers un avenir plus sûr.

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Altaf A. a pris la parole, au nom du SIF, pour rappeler le désastre que représentent les changements climatiques pour les populations exposées, notamment au Pakistan

Face à l’auditoire, Altaf A., Chef de Mission du SIF au Pakistan, a présenté des projets que nous menons en ce moment même dans un pays particulièrement fragilisé par le réchauffement de notre planète. En 2022, le Pakistan avait été frappé par des inondations de grande ampleur, qui avaient succédé à une longue et rude période de sécheresse. Des millions de personnes n’avaient eu d’autre choix que de se déplacer à cause de la catastrophe. Et, si le temps a passé, Altaf A. n’a pas caché que la crise est loin d’être terminée :

« 18 mois après les inondations de 2022, des personnes sont toujours déplacées. Les conséquences du drame sur leur vie et leurs droits sont énormes, et multisectorielles. Elles exercent un impact encore plus fort sur les plus vulnérables, tels que les femmes et les enfants. Ces déplacements prolongés menacent la stabilité globale des communautés… »

Au nom de notre ONG, il a rappelé que les changements climatiques augmentent la fréquence et l’intensité des aléas naturels, ce qui aggrave les risques de déplacement pour les plus démunis. Or, ces derniers ne sont pas en mesure de se préparer et s’adapter :

« Il est impératif de promouvoir l’adaptation aux changements climatiques, et de renforcer la résilience des populations les plus vulnérables. Nous devons assurer des approches sur le long terme, inclusives, alliant humanitaire, développement, et recherche de la paix. »  

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Au Pakistan, le SIF, qui était intervenu en urgence après les inondations de 2022, ne peut que constater les dégâts sur le long terme. Face à ce drame, nos équipes poursuivent leurs actions sur place

COP 28 : une participation active du SIF,
et des rencontres de haut-niveau

Outre son propre évènement, le SIF a assisté à de nombreuses conférences, et parfois pris la parole. C’est le cas de Marie-Sara Bouloumou, notre Chargée de Plaidoyer qui est intervenue sur le « Pavillon de l’Eau et du Climat » pour évoquer les problématiques de financement dans les situations d’urgence. Notre collaboratrice a particulièrement insisté sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH), l’une des principales expertises de notre ONG. Son message clé :

« Une action urgente est nécessaire dans le secteur de l’EAH, avec une augmentation significative des financements publics. Les efforts humanitaires actuels ne répondent pas aux besoins en raison de limitations de capacité et de pénuries de financement. L'assainissement, souvent négligé, doit être priorisé pour un accès universel d'ici à 2030. Malgré des affirmations d'efforts significatifs, le financement reste insuffisant. Les ONG contribuent en renforçant les capacités sur le terrain, et en plaidant pour des financements accrus. Malgré des mécanismes de financement efficaces, des défis subsistent, soulignant la nécessité d'améliorer les mécanismes pour renforcer la résilience des systèmes humanitaires. »

Pour (re)voir l’intervention de Marie-Sara Bouloumou, cliquez sur le bouton ci-dessous, et régler la vidéo à partir de la 26e minute.

Autre temps fort, le 12 décembre : notre équipe a pu échanger avec Barbara Pompili, Conseillère spéciale à l’International au Secrétariat général à la planification écologique, et Envoyée spéciale pour les One Planet Summit. L’ancienne ministre de la Transition écologique (2020-2022) était en compagnie de Paul-Bertrand Barets, Envoyé spécial de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Secrétaire général des sommets One Planet.

Nous avons pu évoquer les enjeux cruciaux du One Water Summit, qui se déroulera en septembre 2024, et les interpeller, notamment, sur l’importance de la présence de la société civile à cet évènement, et la reconnaissance de l’eau comme un bien commun. Actuellement, selon un rapport UNICEF-OMS, plus d’une personne sur trois n’a pas accès à la ressource !

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Barbara Pompili (à gauche) échange avec Marie-Sara Bouloumou, notre Chargée de Plaidoyer (au centre) et le Président du SIF, Rachid Lahlou, à la COP 28, à Dubaï.

ONG de solidarité, le SIF mène des actions grâce à la générosité de ses donateurs.