Séisme en Syrie - après l’urgence, le SIF agit sur le long terme :

« L’intervention du SIF est multiforme »

Réhabilitations de maisons, d’écoles, ou encore, d’infrastructures d’accès à l’eau… Coordinatrice des programmes du Secours Islamique France (SIF) en Syrie, Myriam A. explique les actions menées par notre ONG humanitaire pour répondre durablement aux conséquences du séisme survenu en février dernier.

Dans la nuit du 5 au 6 février 2023, un puissant séisme avait frappé le nord de la Syrie et le sud-est de la Turquie, frontalière. La catastrophe, d’une violence inouïe, avait causé plus de 50 000 morts, provoqué des déplacements massifs de personnes qui venaient de tout perdre, et d’innombrables destructions.

Grâce à l’élan de générosité de ses donateurs, le Secours Islamique France (SIF) avait alors pu déployer des réponses humanitaires d’urgence dans les deux pays, comme c’est également le cas en ce moment-même au Maroc après le récent tremblement de terre.

Du côté de la Syrie, le Secours Islamique France, qui est basé sur place depuis 2012, a désormais fait évoluer ses actions en post-urgence. En effet, si elles sont essentielles, les premières réponses ne peuvent répondre à tous les besoins des sinistrés, qui aspirent à retrouver un quotidien plus ou moins normal. Nos équipes se doivent donc de se projeter sur le long terme pour véritablement aider la population à se relever de façon durable.

Ensemble, continuons de soutenir les populations sinistrées

Coordinatrice de nos programmes en Syrie, Myriam A. décrypte l’approche du SIF et explique les projets en cours.

Alors que le temps passe, quelle est la situation en Syrie ? 

« Les conséquences du séisme sont encore bien visibles. De nombreuses personnes restent très marquées psychologiquement. Leurs logements ont été très endommagés, voire détruits, et elles n’ont toujours pas pu rentrer chez elles. »

Où vivent-elles ?

« Une partie d’entre elles est hébergée par leurs familles, ou vit dans des installations mises en place par l’État pour les loger, à Lattaquié et à Alep. D’autres sinistrés restent dans des écoles qui avaient été aménagées pour les mettre à l’abri, mais certaines ont été rouvertes pour la rentrée scolaire. Des familles ont donc dû partir, malgré l’absence de solutions alternatives durablement viables. »

Que deviennent ces familles ?

« Le quotidien est très difficile pour elles, notamment quand elles ont dû réinvestir leur maison et vivent dans des conditions très précaires, voire même risquées, faute de réhabilitions. On peut aussi évoquer le cas de personnes qui ont dû louer une maison et qui n’ont pas les moyens de continuer. »

Quelle est la réponse du Secours Islamique France ?        

« Nous nous concentrons sur les réhabilitations de maison pour soutenir ces personnes, qui ne peuvent rester dans cette situation, mais nous n’oublions pas les infrastructures d’accès à l’eau et les écoles. Moins il y a d’établissements scolaires, et plus l’accès à l’éducation est difficile pour les enfants. À l’heure où je vous parle, ils sont nombreux à rester privés d’école, parce qu’elle n’est plus en état ! »

L'avenir de ces jeunes paraît compromis… 

« Oui, si nous ne faisons rien ; et c’est aussi difficile pour les enfants qui doivent aller plus loin pour suivre leurs cours dans une autre ville. Le matériel et les professeurs manquent, les classes sont surchargées, ce qui crée des difficultés d’apprentissage et augmente les probabilités d’échec scolaire… »

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Le SIF a placé les réhabilitations d’écoles parmi ses priorités après le séisme, en Syrie

Vous avez également évoqué l’accès à l’eau ?

« C’est l’une de nos priorités, l’intervention du SIF est multiforme. On ne peut déployer une intervention sans considérer les différents secteurs, tant tout est lié. Cette approche est capitale pour répondre aux besoins globaux de la population. Or, l’accès à l’eau était déjà très difficile avant le séisme, puisque les infrastructures étaient vétustes, et déjà fortement endommagées par les années de conflits. »

Quelles actions le SIF mène-t-il dans ce secteur ?

« On en a mis en place plusieurs actions, dont la réhabilitation de deux châteaux d’eau qui est en cours dans la zone rurale de Jableh, près de Lattaquié. Très endommagées lors du tremblement de terre, ces infrastructures sont cruciales pour alimenter les maisons, mais aussi le réseau public, donc les écoles, les centres de santé, ou encore, les services incendies. Une fois terminé, ce projet redonnera un accès équitable et sûr aux communautés locales. »

Un autre projet en cours ? 

« Vers Alep, nous réhabilitons également un canal de 20 km… Nous l’avions d’ailleurs déjà réhabilité en 2021, en collaboration avec l’UNHCR ! Malheureusement, il a été fissuré par les séismes. Si on ne fait rien, la situation s’aggravera à cause des difficultés à irriguer les champs, ce qui exercera un impact désastreux sur les rendements, donc la sécurité alimentaire. Le canal est relié à 525 hectares de terres cultivables et est utilisé par plus de 14 000 agriculteurs… »

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En Syrie, le SIF réhabilite à nouveau un canal endommagé, cette fois suite au séisme ©SIF

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