En 2024, 599 attaques contre les humanitaires ont été dénombrées par l'Aid Workers Security Database (AWSD) qui est la source de référence sur le sujet. Parmi ces femmes et ces hommes, 383 ont perdu la vie, soit 90 morts de plus que l’an passé, un triste record. À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire, le Secours Islamique France (SIF) tire la sonnette d’alarme, et rappelle que le respect du Droit International Humanitaire (DIH) est crucial, alors que les besoins des populations touchées par les crises n’avaient jamais été aussi élevés.
Leur rôle est d’apporter une aide vitale et inconditionnelle aux populations touchées par les crises. Eux, ce sont les humanitaires, qui risquent leur vie à chaque instant dans l’exercice de leurs missions, alors même qu’ils sont protégés par le Droit International Humanitaire (DIH). Sur le terrain, la réalité est en effet bien sombre.
En 2024, d'après l'AWSD, 599 attaques majeures ont été commises à l’encontre d’humanitaires, un record absolu, comme l’était déjà le chiffre de 2023, inférieur de 179. Et, malheureusement, tous les humanitaires touchés n’ont pas eu la chance de s’en sortir : l’an dernier, ils sont 383 à avoir perdu la vie, contre 293 en 2023. Du jamais vu ! À ce bilan plus qu’alarmant, s’ajoutent 224 blessés graves, et 91 kidnappings.
Si ces drames sont survenus dans plus d'une vingtaine de pays, une zone est particulièrement meurtrière, que ce soit pour la population civile ou pour les humanitaires : Gaza. Ainsi, plus de 180 représentants d’ONG y ont été tués en 2024, essentiellement dans des bombardements, mais aussi des suites de tirs d’artillerie, ou par balle.
Le SIF, qui mène de nombreuses actions humanitaires (alimentaire, eau…) à Gaza depuis le début de cette crise, n’a pas été épargné. Malheureusement, notre ONG a été endeuillée à deux reprises. Un véritable choc, nous n’oublierons jamais Taghreed Almajdalawy et Suhail Abu Hasira, nos deux regrettés collègues à qui nous avons dédié un documentaire sur nos actions d’urgence.
Plus globalement, l’origine des attaques étonne fortement : en 2024, elles ont émané, à 189 reprises, d’acteurs étatiques. En 2023, le chiffre s’élevait à 159 et démontrait déjà un recul alarmant du respect du DIH par les États. La preuve, il n’en avait été dénombré que 270 au cours des 7 années précédentes, de 2015 à 2022 !
Une tendance très inquiétante, comme l’est celle que dessinent les premiers chiffres de 2025 : à ce jour, ce sont 265 humanitaires qui ont été tués en apportant de l’aide, alors que 8 mois seulement se sont écoulés. D’où, déjà, une prise de parole des Nations Unies, qui tirent la sonnette d’alarme :
Un message fort, que le SIF ne peut qu’approuver. Le 20 août 2025, lors de Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire, notre ONG a d’ailleurs signé une déclaration commune portée par le collectif Coordination Sud : « Nous ne sommes pas des cibles : stop à l’impunité ! » Ensemble, nous y formulons, notamment, des appels à la France :
Réaffirmer son engagement constant en faveur du respect du DIH et renforcer sa mise en œuvre, en veillant à ce qu’il soit pleinement respecté par l’ensemble des parties en conflits
S’assurer de la pleine mise en œuvre de la résolution 2730 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies pour garantir l’accès humanitaire rapide et sans entrave, protéger les biens et le personnel humanitaire local et international.
Mettre fin à l’impunité en engageant des poursuites contre les personnes autrices de violations du DIH, quelle que soit leur nationalité ou leur fonction
Mettre fin à la criminalisation de l’aide humanitaire en veillant à ce que les régimes de sanctions et les mesures de lutte contre le terrorisme incluent des exemptions humanitaires claires, permanentes et effectives, et en alignant le droit national avec les bonnes pratiques internationales en la matière.
Garantir que l’aide humanitaire reste neutre et impartiale, en excluant tout conditionnement diplomatique ou stratégique à son acheminement, et en préservant pleinement l’espace humanitaire.
Renforcer les financements humanitaires sans conditions politiques, flexibles, et directement accessibles aux organisations humanitaires internationales et locales. Ces financements doivent également permettre le renforcement des capacités de gestion des risques sécuritaires pour les acteurs humanitaires, notamment les acteurs locaux particulièrement exposés aux risques.
Alors que les besoins d’aide humanitaire n’avaient jamais été aussi élevés à travers le monde, il est absolument crucial que notre voix soit entendue. La vie d’innombrables personnes ne tient qu’à un fil, leur apporter de l’aide n’est pas une option, mais une nécessité. Pouvoir le faire en toute sécurité est capital pour les humanitaires.
Toutes les équipes du Secours Islamique France restent déterminées à agir, malgré des contextes difficiles, voire explosifs. Les projets que nous déployons sont cruciaux pour les populations démunies, que ce soit dans l’urgence ou sur le long terme : aide alimentaire, protection de l’enfance, éducation, accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement, réhabilitations…
Du Yémen au Burkina Faso, au Mali, en Syrie, en Palestine, au Liban, ou encore, en Somalie et au Tchad, le SIF ne se limite pas à soulager les souffrances immédiates. Notre ONG participe aussi à bâtir un avenir plus stable, en favorisant la dignité, la résilience et la paix. Mais pour qu’elles puissent se poursuivre, le respect de la vie des humanitaires doit être garanti.
Le respect du DIH, c’est protéger celles et ceux qui aident, donc protéger l’avenir des populations qu’ils soutiennent. Et faire en sorte que des familles entières cessent d’être endeuillées parce que l’un des leurs a été tué en voulant soutenir les plus vulnérables.
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