En Palestine, le conflit en cours, d’une violence inouïe, provoque une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent dans la zone. Pour la population civile de Gaza, la situation est critique, et prend un tournant tragique : les Nations Unies parlent désormais de famine, le stade mortel de la faim. Face au danger permanent des bombardements, plus de 2 millions de personnes (soit 90 % de la population) ont dû prendre la fuite dans la partie sud de la Bande de Gaza ! Du côté de la Cisjordanie, les répercussions du conflit sont de plus en plus fortes, la population civile en est la première victime.
DE L'AIDE D'URGENCE À GAZA, LE MAINTIEN DES ACTIONS EN CISJORDANIE
En réponse à la situation, absolument catastrophique, le Secours Islamique France (SIF) est mobilisé sans relâche par des actions d’urgence pour les déplacés gazaouis, extrêmement fragilisés. Dans le même temps, notre ONG poursuit ses projets humanitaires en Cisjordanie. La population y vit dans un contexte très tendu, et éprouve des difficultés de plus en plus importantes. Selon les Nations Unies, c'est désormais la Palestine dans son ensemble qui est touchée par une crise économique d'une « ampleur dévastatrice. » D'où la multiplication d'actions pour la population depuis les premiers jours de la crise en cours, essentiellement de l'alimentaire pour plusieurs centaines de milliers de Palestiniens.
Après plus d'un an de guerre à Gaza, fin août, nos équipes ont procédé à une nouvelle distribution : il s'agissait de colis de viande pour 99 000 personnes déplacées par le conflit dans les zones de Deir Al Belah et Khan Younes. Par ces actions, nous avons relayé la générosité dont nos donateurs avaient fait preuve lors de l'Aïd El Kébir. Il avait été impossible d'agir immédiatement à cause de la fermeture totale du point de passage de Rafah. Le SIF avait donc conditionné et congelé plusieurs dizaines de tonnes de viande selon un procédé respectant les normes sanitaires, avant de les stocker dans des chambres froides.
En débit du contexte difficile, nous nous tenions prêts à intervenir : nous trouvé une alternative pour entrer dans Gaza, et acheminer la viande par camions frigorifiques, avant de déployer les distributions. Un soutien alimentaire absolument crucial, explique Narinam, membre de l'équipe du SIF :
« A Gaza, la faim est partout. Ces colis de viande ont été reçus comme des trésors par les bénéficiaires: cette denrée est très rare, donc très chère ! Cette action est donc très importante d’un point de vue alimentaire, tout en apportant du réconfort moral : les Gazaouis se sentent oubliés, cela leur fait un bien fou de sentir que des personnes pensent à les aider… »
Lors de l'Aïd Al Adha, nous avions toutefois pu distribuer des colis de viande pour 7 000 des réfugiés Gazaouis en Égypte. Dépourvus de tout, ces personnes sont extrêmement fragilisées par ce qu'elles ont vécu, et n'ont plus aucun moyen d'existence.
En cette fin d'année 2024, nos équipes ont prévu deux réponses humanitaires supplémentaires. Elles préparent la distribution de colis de fruits et de légumes pour près de 45 000 Gazaouis extrêmement fragilisés, déplacés à Deir Al Balah et Khan Younis. Le SIF a d'ores et déjà acheté les denrées à l’intérieur même de Gaza sur l’un des rares marchés où la pénurie n’est pas totale. En parallèle, nous servirons, en collaboration avec un partenaire, deux repas chauds par jour pendant un mois à 2 800 personnes en incapacité de cuisiner, faute du matériel nécessaire.
Auparavant, nos équipes avaient d'abord mené quatre distributions, qui ont apporté un soutien alimentaire vital à plus de 65 000 personnes extrêmement fragilisées. Ces actions ont ensuite été renforcées à l'occasion de Ramadan en Palestine : lors de ce mois béni, nous avons pu distribuer des denrées et des produits d'hygiène à 100 000 Gazaouis supplémentaires à Rafah et Deir Al Balah.
L’accès à l’eau potable est l’autre aspect très important de l’intervention du Secours Islamique France à Gaza. Déjà ressource rare avant cette crise, elle est devenue (quasiment) impossible à trouver : la menace d’une crise sanitaire très grave plane sur la population. Pour apporter une réponse concrète à près de 66 000 personnes, le SIF a distribué des bouteilles d’eau, et acheminé des milliers de litres d’eau potable par camion. La ressource a été mises à la disposition de tous aux points d’accès installés par nos équipes locales. Nous avons également réhabilité (accès à l'eau, assainissement des lieux, toilettes...) deux abris d'urgence, où des milliers de Gazaouis se sont réfugiés.
QUAND LES CONDITIONS SONT RÉUNIES, LE SECOURS ISLAMIQUE FRANCE ACHEMINE LE SOUTIEN ALIMENTAIRE DEPUIS L'ÉGYPTE, VIA RAFAH, OU SE FOURNIT DIRECTEMENT AUPRÈS DE PRODUCTEURS LOCAUX À GAZA.
À Gaza, le SIF apporte de l'aide d'urgence quand le contexte le permet. Depuis le début de ses interventions, notre ONG s'est adapté en procédant de deux façons : l'une d'entre elles consiste à acheminer les denrées depuis l'Égypte, ce qui suppose que le poste-frontière de Rafah soit ouvert. Nos chargements patientent alors quelques jours au poste-frontière de Rafah, où les camions humanitaires n'entrent qu'au compte-goutte. Les équipes du SIF réceptionnent ensuite les colis alimentaires dans la partie sud de la Bande de Gaza, avant de les distribuer.
En parallèle, quand c'est possible, le Secours Islamique France achète des fruits et des légumes à l’intérieur même de Gaza. Quelques fournisseurs et marchés locaux ont réussi à préserver du stock, malgré les destructions et les graves pénuries. Des opportunités rares, qui permettent de gagner du temps, et de stimuler une économie locale complètement à genoux. C'est aussi une façon de continuer d'agir pendant les périodes de fermeture totale du poste-frontière de Rafah.
« TOUT LE MONDE, SANS EXCEPTION, A BESOIN D'AIDE HUMANITAIRE » À GAZA, ALERTE LEILA, DE L'ÉQUIPE LOCALE DU SIF.
Pendant Ramadan, le SIF avait concilié les deux méthodes. Une fois de plus, Leila, 25 ans, membre de l'équipe du SIF à Gaza, participe aux distributions. Mère d'une petite fille de 2 ans, elle est parvenu à trouver la force de continuer d'aider les autres, alors qu'elle souffre très durement des conséquences du conflit et dépend elle-même de l'aide humanitaire ! Leila a accepté de témoigner. La version complète est ici. En voici un extrait, tandis que les témoignages audio de son collègue Ryad sont à découvrir en suivant ce lien.
« S’aventurer dehors est un risque pour nos vies, mais on doit sortir dans l’espoir de trouver de la nourriture et de l’eau, puis on rentre, épuisés. Ici, à Gaza, on ressent tous de la peur à chaque instant. Ce conflit dure, on n’entrevoit pas le moindre signe d’une issue prochaine. La situation est tellement grave que tout le monde, sans exception, a besoin d’aide humanitaire. Les colis alimentaires sont donc d’un soutien vital. Ils aident les bénéficiaires à tenir, que ce soit par leur valeur nutritionnelle, ou le réconfort qu’ils leur apportent. Les distributions figurent d’ailleurs parmi les rares moment où l’on voit des enfants sourire… »Si le Secours Islamique France est en capacité d'agir en Palestine par des réponses d'urgence à la crise humanitaire qui frappe Gaza, c'est grâce à la générosité des donateurs. Responsable du bureau local du Secours Islamique France, Adel K. tire la sonnette d'alarme :
« Les Gazaouis n'ont plus rien. Certains en sont réduits à manger de l'herbe, des épices, ou de la nourriture pour animaux ! Des personnes, dont de nombreux enfants, meurent de faim ! Notre priorité absolue reste les distributions alimentaires. Je veux dire aux donateurs qu'ils doivent rester mobilisés à chaque instant : à Gaza, des familles entières ont besoin de vous. Ne les oublions pas ! »
Depuis le début des hostilités, le SIF s’est associé à d’autres ONG pour appeler à plusieurs reprises à un cessez-le-feu et à l’ouverture d’un corridor sécurisé. Par exemple, nous avons pris part avec 13 de nos pairs à cette tribune, publiée fin décembre par le journal Libération. Un cessez-le-feu est absolument capital pour accélérer et faciliter l’acheminement ou encore la distribution de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. C'est tout aussi important afin de renforcer encore un soutien qui lui est vital. Dans les conditions actuelles, le danger est constant, que ce soit pour les équipes du SIF, comme pour les bénéficiaires des actions d'urgence.
Des membres de notre staff ont également témoigné dans les médias de leur difficile quotidien à Gaza, comme l'a fait dans le journal La Croix notre collègue Leila. Elle a notamment confié qu'à « cinq reprise, nous [elle et sa famille] avons changé de lieu, en direction du sud, en quête de sécurité. Nous ne l’avons jamais trouvée. » De leur côté, Mahieddine Khelladi, Directeur exécutif du SIF, et Adel K., Chef de Mission, ont tiré la sonnette d'alarme dans le journal Le Monde.
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