La situation est dramatique à Gaza, en Palestine. Après deux mois de cessez-le-feu, les hostilités ont reprises, qualifiées d'une violence « sans précédent » par de nombreux media. Sur place, l’urgence est absolue : la population civile est sous le choc, d'innombrables personnes craignent pour leur vie. La crise humanitaire est d’une ampleur inouï.
Si le cessez-le-feu avait permis à de nombreux Gazaouis de revenir dans leur zone d'habitation habituelle, la population se déplace de nouveau en masse pour fuir les dangers des bombardements. Regroupés dans des camps de fortune, surpeuplés et insalubre, la condition de vie de ces enfants, femmes et hommes vulnérables sont catastrophiques.
Dans l’enclave, la famine est devenu une réalité. En réponse, le Secours Islamique France (SIF) déploie des actions d'urgence pour soutenir la population civile de Gaza, quand le contexte le permet. En dépit de nombreuses contraintes et de l'insécurité permanente, nos équipes ont pu apporter de l’aide humanitaire à plusieurs centaines de milliers de personnes en détresse. Le SIF agit essentiellement dans la partie sud de l’enclave, au cœur de camps de déplacés à Deir Al Balah, Khan Younès et Raffah.
Au fil du temps, nous avons mené de nombreuses actions, dont voici l’ordre chronologique :
Distribué des colis de légumes à 25 500 personnes
Distribué des colis alimentaires à 17 000 personnes
Distribué, une nouvelle fois, des colis de légumes, pour 17 000 personnes
Acheminé de l’eau potable par camion, réhabilité des infrastructures d’accès à l’eau et à l’assainissement, distribué des vêtements, des tentes, des kits d’hygiène, procédé au nettoyage et à l’assainissement de camps de déplacés. Tous ces projets ont bénéficié à 150 000 personnes.
Déployé une troisième distribution de colis de légumes, pour 10 000 personnes
Organisé une deuxième distribution de colis alimentaires pour 22 000 personnes, suivie d’une troisième destinée à 56 000 personnes
Distribué, pour la quatrième fois, des colis de légumes à 13 000 personnes
Assaini, nettoyé et réhabilité 10 camps de déplacés, surpeuplés et insalubres
Distribué des colis de viande à 90 000 personnes
Organisé une cinquième distribution de colis de légumes, pour 45 000 personnes
Livré près de 40 tonnes d’aliments thérapeutiques à des centres de santé : ce type de denrée est spécialement conçue pour lutter contre la malnutrition infantile. Une partie du chargement était une variante pour les femmes enceintes.
Au moment où nous écrivons ces lignes, courant mars, d’autres actions d’urgence sont programmées, et seront déployées dès que possible, tant la reprise des hostilités, synonyme de bombardements et de fermeture des frontières, complique la mise en place de projets humanitaires. Le SIF a notamment prévu :
La distribution de colis alimentaires pour 70 000 personnes, durant Ramadan 2025
La distribution de 1 000 tentes, 5 000 couvertures et 5 000 matelas
L’acheminement d’eau potable pour plus de 100 000 personnes
L’assainissement de camps de déplacés par le déblaiement des débris et la mise en place d’un système de gestion des déchets
La distribution de 36 000 dispositifs contre les insectes nuisibles, vecteurs de maladies potentiellement mortelles, d'autant plus dans un contexte où les conditions d'hygiène sont désastreuses.
À Gaza, la population est en souffrance. Restons mobilisés : la situation peut se débloquer à tout moment, continuer d'apporter de l'aide humanitaire est absolument vital !
En décembre 2024, nos équipes ont déployé une nouvelle action de grande ampleur, cette fois-ci contre la malnutrition des enfants et des femmes enceintes, à Gaza. Si l’ouverture sporadique des postes-frontières pour l’aide humanitaire nous a contraint à patienter plusieurs semaines, nous sommes parvenus à faire entrer un chargement de de 40 tonnes d’aliments thérapeutiques. Dans les vidéos ci-dessous, découvrez les coulisses et étapes de l'organisation d'une opération qui a pu voir le jour grâce à la générosité de nos donateurs.
Face à la famine, de l'aide alimentaire pour les enfants, en détresse dans les hôpitaux et centres de santé
Très denses en nutriments, ces denrées appelées Plumpy'nut sont spécialement conçues pour lutter contre la malnutrition infantile sévère. Les distributions ont débuté le 4 décembre 2024, en collaboration avec un partenaire local, et s’adressent à 30 000 personnes : des enfants extrêmement fragilisés, âgés de 2 à 15 ans, ainsi que des femmes enceintes ou allaitantes pour qui il existe une version adaptée. Chaque bénéficiaire reçoit de quoi tenir au moins un mois. Pour optimiser l’efficacité de cette action, notre équipe s’est coordonné avec des hôpitaux et des centres de santé : ces aliments impliquent un suivi médical.
Une action cruciale : à gaza, plus de 14 000 enfants ont perdu la vie en un an
À bout de souffle, le personnel médical travaille en flux tendu, et doit composer avec des stocks alimentaires très faibles, voire même bien souvent complètement épuisés. Au regard de la gravité de la crise en cours, ce type d’action sauve des vies : selon l’UNICEF, à Gaza, au moins 14 000 enfants ont succombés en un an de guerre, une grande partie des conséquences de la faim. Une situation qui inquiète profondément Mohammed A., le Chef de Mission du SIF à Gaza :
« A Gaza, les enfants sont les première victimes de la crise. Certains ont perdu leurs parents, tous sont traumatisés par les bombardements, et ils sont innombrables à s’être déplacés sur le territoire, en quête de sécurité. Ils ne vont plus à l’école, vivent dans des camps, où leurs conditions de vie ne seraient même pas dignes de celles d’un animal. Il fait pleut, il fait froid, la faim et le manque d’eau potable les rongent, ils sont des milliers à tomber gravement malades. Les enfants sont pris au piège de la guerre, et, au lieu de s’amuser et d’apprendre de nouvelles choses à l’école, ils risquent de mourir à tout moment… »
QUAND LES CONDITIONS SONT RÉUNIES, LE SECOURS ISLAMIQUE FRANCE ACHEMINE LE SOUTIEN ALIMENTAIRE DEPUIS L'ÉGYPTE, VIA RAFAH, OU SE FOURNIT DIRECTEMENT AUPRÈS DE PRODUCTEURS LOCAUX À GAZA.
À Gaza, le SIF apporte de l'aide d'urgence quand le contexte le permet. Depuis le début de ses interventions, notre ONG s'est adapté en procédant de deux façons : l'une d'entre elles consiste à acheminer les denrées depuis l'Égypte, ce qui suppose que le poste-frontière de Rafah soit ouvert. Nos chargements patientent alors quelques jours au poste-frontière de Rafah, où les camions humanitaires n'entrent qu'au compte-goutte. Les équipes du SIF réceptionnent ensuite les colis alimentaires dans la partie sud de la Bande de Gaza, avant de les distribuer.
En parallèle, quand c'est possible, le Secours Islamique France achète des fruits et des légumes à l’intérieur même de Gaza. Quelques fournisseurs et marchés locaux ont réussi à préserver du stock, malgré les destructions et les graves pénuries. Des opportunités rares, qui permettent de gagner du temps, et de stimuler une économie locale complètement à genoux. C'est aussi une façon de continuer d'agir pendant les périodes de fermeture totale du poste-frontière de Rafah.
« TOUT LE MONDE, SANS EXCEPTION, A BESOIN D'AIDE HUMANITAIRE » À GAZA, ALERTE LEILA, DE L'ÉQUIPE LOCALE DU SIF.
Pendant Ramadan, le SIF avait concilié les deux méthodes. Une fois de plus, Leila, 25 ans, membre de l'équipe du SIF à Gaza, participe aux distributions. Mère d'une petite fille de 2 ans, elle est parvenu à trouver la force de continuer d'aider les autres, alors qu'elle souffre très durement des conséquences du conflit et dépend elle-même de l'aide humanitaire ! Leila a accepté de témoigner. La version complète est ici. En voici un extrait, tandis que les témoignages audio de son collègue Ryad sont à découvrir en suivant ce lien.
« S’aventurer dehors est un risque pour nos vies, mais on doit sortir dans l’espoir de trouver de la nourriture et de l’eau, puis on rentre, épuisés. Ici, à Gaza, on ressent tous de la peur à chaque instant. Ce conflit dure, on n’entrevoit pas le moindre signe d’une issue prochaine. La situation est tellement grave que tout le monde, sans exception, a besoin d’aide humanitaire. Les colis alimentaires sont donc d’un soutien vital. Ils aident les bénéficiaires à tenir, que ce soit par leur valeur nutritionnelle, ou le réconfort qu’ils leur apportent. Les distributions figurent d’ailleurs parmi les rares moment où l’on voit des enfants sourire… »Nous sommes également très préoccupés par la situation en Cisjordanie, où les conditions de vie deviennent un peu plus critiques chaque jour. L’insécurité et les tensions y sont très vives, tandis que l’économie s’est effondrée, et le chômage a explosé. Présent sur place, le Secours Islamique France maintient toutes ses actions, tant les besoins sont immenses, que ce soit dans l’urgence, ou sur le long terme : distribution alimentaire, soutien aux agriculteurs et aux éleveurs, éducation et bien-être de l’enfance…
Si le Secours Islamique France est en capacité d'agir en Palestine par des réponses d'urgence à la crise humanitaire qui frappe Gaza, c'est grâce à la générosité des donateurs. Responsable du bureau local du Secours Islamique France, Adel K. tire la sonnette d'alarme :
« Les Gazaouis n'ont plus rien. Certains en sont réduits à manger de l'herbe, des épices, ou de la nourriture pour animaux ! Des personnes, dont de nombreux enfants, meurent de faim ! Notre priorité absolue reste les distributions alimentaires. Je veux dire aux donateurs qu'ils doivent rester mobilisés à chaque instant : à Gaza, des familles entières ont besoin de vous. Ne les oublions pas ! »
Depuis le début des hostilités, le SIF s’est associé à d’autres ONG pour appeler à plusieurs reprises à un cessez-le-feu et à l’ouverture d’un corridor sécurisé. Par exemple, nous avons pris part avec 13 de nos pairs à cette tribune, publiée fin décembre par le journal Libération. Un cessez-le-feu est absolument capital pour accélérer et faciliter l’acheminement ou encore la distribution de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. C'est tout aussi important afin de renforcer encore un soutien qui lui est vital. Dans les conditions actuelles, le danger est constant, que ce soit pour les équipes du SIF, comme pour les bénéficiaires des actions d'urgence.
Des membres de notre staff ont également témoigné dans les médias de leur difficile quotidien à Gaza, comme l'a fait dans le journal La Croix notre collègue Leila. Elle a notamment confié qu'à « cinq reprise, nous [elle et sa famille] avons changé de lieu, en direction du sud, en quête de sécurité. Nous ne l’avons jamais trouvée. » De leur côté, Mahieddine Khelladi, Directeur exécutif du SIF, et Adel K., Chef de Mission, ont tiré la sonnette d'alarme dans le journal Le Monde.
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