DON URGENCE - MADAGASCAR 

Distributions alimentaires, accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, mise à l’abri… Dès mars, dans la foulée du cyclone Freddy, les équipes du Secours Islamique France avait apporté des réponses d'urgence essentielle à une population sous le choc à cause de graves inondations qui ont frappé ce pays très vulnérable au changement climatique. Plusieurs semaines plus tard, les actions du SIF se poursuivent : assainissement de 40 puits contaminés, réhabilitation de centres de santé et d'une école, soutien psychosocial, distributions de l'Aïd Al Adha...

L’île de Madagascar est victime d’un désastre. Particulièrement vulnérable au changement climatique, ce pays d’Afrique est régulièrement touché par des catastrophes naturelles, de plus en plus intenses. Récemment, c’est le cyclone tropical Freddy qui a frappé la population très durement en atteignant Madagascar dès la fin de février, puis début mars, après avoir effectué une boucle, ce qui dénote d’un phénomène très rare.

Des vents violents, mesurés à 220 km/h, accompagnés de pluies torrentielles, ont provoqué de graves inondations : 15 personnes y ont perdu la vie, selon les autorités locales. Plus de 50 000 personnes ont été déplacées, et au moins 1 000 maisons ont été dévastées.  

Située au Nord-est, la région de Morombe, l’une des principales zones d’intervention du Secours Islamique France (SIF) à Madagascar, a été très affectée. Le cyclone y a tué 8 personnes et détruit plus de 300 logements, et 23 300 personnes n’ont eu d’autre choix que de se déplacer.  

Basé sur place depuis 2009, le Secours Islamique France (SIF) y multiplie les projets humanitaires (sécurité alimentaire, éducation, moyens d’existence, tels que l’agriculture…). Actuellement, nos équipes déploient de nombreuses actions d’urgence pour apporter des réponses à la crise en cours.

Coordinateur de nos programmes à Madagascar, Aliou W. témoigne :

« Quand le cyclone Freddy est arrivé, une panique générale s’est emparée de la population. Les souvenirs de catastrophes passées ont été ravivés, comme le cyclone Haruna de 2013 (18 morts, 22 000 personnes sinistrées). Pour l’instant, le SIF se concentre sur l’essentiel : on aide les gens à tenir le coup… »

La rapidité de l’intervention a été facilitée par les initiatives mises en place toute l’année dans le cadre du projet Vonona, mené auprès des populations vulnérables en collaboration avec 7 autres ONG parmi les plus importantes. Plans d’action pré établis pour la gestion des catastrophes, pré-positionnement de kits d’aide et de matériel dans des zones à risque, formation d’équipes locales de secours, sensibilisation aux risques avant la saison des cyclones à travers des émissions de radio… L’anticipation a permis de surmonter de nombreuses difficultés dans l’acheminement de l’aide, comme la destruction ou l’encombrement d’axes routiers importants.   

LES PREMIÈRES RÉPONSES : ASSURER L'ESSENTIEL

Du soutien alimentaire

Face à la faim, les équipes du Secours Islamique France se sont d'abord mobilisées pour distribuer des centaines de colis alimentaires de première nécessité (sucre, lait, maïs, etc.) Ces actions, qui permettent aux bénéficiaires de subvenir à leurs besoins les plus urgents, se sont déroulées début mars dans trois abris d’urgence à Morombe. Des kits de matériel de cuisine ont également été fournis par le SIF. Les besoins restent très importants, s’inquiète Aliou W. :

« On va au-devant d’une autre catastrophe, celle de la faim, pourtant déjà omniprésente. Par exemple, les prochaines récoltes sont déjà compromises : dans la région de Morombe, les rizières sont été ravagées… »

De l’appui pour l’eau et l’hygiène

Dans ces trois abris d’urgence, le SIF a assuré l’accès à l’eau potable par l’installation de 12 dispositifs de lavage des mains, accompagné de 120 savons. Cette action a été complétée par la distribution de kits d’hygiène : bouteilles d’eau potable, pastilles d’assainissement de l’eau, bidons d’une capacité de 20 litres, etc. Les problématiques d’eau, d’hygiène et d’assainissement figurent parmi les priorités de nos équipes, explique le Coordinateur des programmes du SIF à Madagascar :

« Quand l’eau est contaminée, elle devient une arme contre la santé publique. Elle véhicule des bactéries et provoque la circulation de dangereuses maladies. La Diarrhée en fait partie, et c’est la première cause de mortalité des enfants à Madagascar… »

De la mise à l’abri

Parmi les kits du projet Vonona pré-positionnés dans des endroits stratégiques figurent des kits de mise à l’abri. Des bâches étanches ont pu être distribuées à des personnes sinistrées, soit dans les abris d’urgence, ou directement dans des maisons endommagées. Ce matériel permet aux familles bénéficiaires de mieux se protéger malgré les problèmes liés à leur logement (froid, fuites, etc.) Aliou W. explique :

« À Madagascar, les habitations des plus vulnérables sont fragiles car construites en terre et en argile. Sous l’effet d’un cyclone, les toits s’envolent, et les murs fondent ! Beaucoup de maisons ne sont plus habitables, d’autres sont très endommagées et devenues insalubres. »

Du soutien moral pour les enfants

Si la violence d’un cyclone de cette ampleur est difficile à endurer pour les adultes, il l’est certainement encore plus pour des enfants. Outre le choc psychologique lié à la violence du cyclone, leur scolarité est en péril : les écoles sont aménagées pour être transformées en abris d’urgence, centres d’hébergement ou sont trop endommagées pour accueillir les élèves en toute sécurité. Les équipes du SIF ont déployé des actions spécifiques en faveur des enfants : séances de soutien psychosocial et des activités ludiques.

LE TEMPS PASSE, MAIS LES INTERVENTIONS DU SIF CONTINUENT

Deux centres de santé ont été réhabilités

Si le Secours Islamique France s'est d'abord focalisé sur les abris d'urgence et les kits d'hygiène, les équipes ont ensuite mené des évaluations pour des réparations sur le long terme. Notre ONG a réhabité intégralement deux centres de santé des bas quartiers d'Antananarivo, zones particulièrement précaires. Ces infrastructures sont capitales pour la santé publique, d'autant plus au regard des dégâts occasionnés par le cyclone Freddy.

Le toit d'une école entièrement réparé

Si ce n'est pas la première conséquence qui vient spontanément à l'esprit, un drame tel que le cyclone Freddy exerce un impact négatif sur la scolarité de nombreux enfants. Dans la zone d'intervention du SIF, au cœur de la capitale, la catastrophe climatique avait gravement endommagé le toit d'une école primaire publique. Les enfants avaient dû quitter les lieux pour poursuivre leur scolarité tant bien que mal dans des conditions très compliquées, installés dans des maisons communautaires, logiquement saturées. En réponse, nos équipes ont remis la toiture à neuf pour mettre à ces enfants de réinvestir leur école le plus rapidement possible.  

Nettoyage et curetage de 40 puits d'eau potable 

Débris de toutes sortes, cadavres de bétail tués et emportés par les eaux... Lors d'un cyclone de l'ampleur de Freddy, l'eau des puits est contaminée, et devient très dangereuse à boire pour la population, qui n'a que ce moyen pour s'approvisionner. Face à de problème, le SIF s'est mobilisé pour procéder au curetage intégral de 40 puits, en collaboration avec les autorités locales. Ce nettoyage a été renforcé par des réhabilitation : des dalles ont été posées sur les infrastructures pour les renforcer, et mieux les protéger si une nouvelle catastrophe venait à survenir. 

Renforcement des projets qui étaient déjà en cours, et des distributions de colis de viande pour l'Aïd Al Adha

Plans de contingence pour mieux anticiper les crises et les gérer quand elles surviennent avec, notamment, le projet Vonona, cartographies des zones à risques, soutien à l'agriculture et à l'élevage avec une attention particulière à l'adaptation des techniques aux conséquences du dérèglement climatique, aide au développement d'activités génératrices de revenus... Toute l'année, le SIF travaille sur le long terme à Madagascar. 

Pour l'Aïd Al Adha, du soutien pour 5 800 personnes, une opération « capitale » pour notre collaborateur

Les actions d'urgence directement liés au cyclone Freddy n'entraîne pas l'abandon de ces projets, très important pour la frange de la population la plus fragilisée. Aliou W. ne cache pas ses inquiétudes pour l'avenir : 

« On va vers une crise de la faim, à Madagascar ! Le cyclone Freddy a dévasté les rizières, capitales pour la sécurité alimentaire. Les récoltes sont d'ores et déjà compromises, et il ne faut pas oublier que les revenus d'une grande partie de la population dépend des travaux agricoles, une source d'emplois très importante ! En plus, la situation économique est catastrophique... Il faut donc continuer d'agir, sur le long terme, comme dans l'urgence. Par exemple, même si elles ne sont que ponctuelles, les distributions de colis de viande qu'on a organisé pour 5 800 familles pour l'Aïd Al Adha sont capitales, une véritable bouffée d'oxygène pour des bénéficiaires qui n'ont rien » 

À Madagascar, la multiplication et la récurrence des crises affectent durement les plus vulnérables. Soyons solidaires !