Réfugiés, retournés, et communautés hôtes : répondre aux besoins de tous !
A l’occasion de la Journée Mondiale des Réfugiés, découvrez comment le Secours Islamique France soutient les réfugiés Syrien au Liban, tout en incluant dans ses projets les locaux démunis, car touchés par une grande crise économique. Le principe est le même pour les réfugiés qui retournent en Syrie, où leur communauté d’origine souffre d’une crise multidimensionnelle de grande ampleur. Ainsi, le SIF est particulièrement attaché au principe humanitaire du Do Not Arm : minimiser au maximum les risques que nos actions pourraient provoquer en raison de contextes tendus.
Ils ont quitté leur pays du jour au lendemain, en quête de sécurité, laissant toute leur vie derrière eux. Eux, ce sont les réfugiés, qui sont actuellement 42,7 millions à travers le monde, selon les statistiques les plus récentes de l’UNHCR*. Ils sont donc deux fois plus nombreux qu’il y a 20 ans, conséquence d’une alarmante multiplication des crises.
(*) Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.
Les guerres et les violences en font partie, et figurent d’ailleurs en tête de liste des raisons qui poussent à l’exil les « réfugiés », un statut régit par la Convention de Genève et définit par l’UNHCR comme tel :
« Les réfugiés se trouvent hors de leur pays d’origine en raison d’une crainte de persécution, de conflit, de violence ou d’autres circonstances qui ont gravement bouleversé l’ordre public. En conséquence, ils exigent une protection internationale. »
Dans leur pays d’accueil, l’immense majorité des réfugiés sont complètement démunis, et repartent de zéro, bien souvent dans le quotidien très difficile de camps surpeuplés et sous équipés. Ces personnes ont besoin d’aide humanitaire pour se reconstruire : le Secours Islamique France (SIF) mène de nombreux projets pour les soutenir. C’est notamment le cas au Liban, où 1,5 million de Syriens ont trouvé refuge, deuxième pays d’accueil après la Turquie. Proportionnellement à la population du Liban, qui ne dépasse pas les 5 millions d’habitants, le chiffre est énorme.
Pour éviter de créer des tensions entre communautés, ces actions sont pensées pour soutenir à la fois les hôtes vulnérables et les réfugiés. Cette logique de cohésion sociale est la même quand le SIF apporte de l’aide humanitaire aux retournés, c’est-à-dire les réfugiés qui reviennent dans leur pays, en l’occurrence en Syrie, autre pays d’intervention du SIF : les communautés locales sont incluses dans les projets.
Le SIF soutient donc les réfugiés tout au long de leur parcours, que ce soit dans le pays d’accueil, ou dans le pays d’origine, tout en plaçant le principe humanitaire du Do Not Harm* au cœur de sa démarche. Du Liban à la Syrie, plongée au cœur d’une sélection d’actions de notre ONG.
Au Liban, renforcer la cohésion sociale dans un contexte de grave crise économique
Depuis 2019, le Liban est touché par l’une des pires crises économiques jamais survenue, d’après la Banque Mondiale. La monnaie a perdu 95 % de sa valeur, l’inflation annuelle dépasse les 100 %. Les conséquences sont dramatiques : plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le SIF doit donc trouver l’équilibre dans ses actions, tant les besoins de la communauté locale sont aussi importants que ceux des réfugiés syriens.
Des distributions alimentaires qui facilitent la cohésion sociale
Au Liban, l’accumulation des crises est telle que d’innombrables personnes souffrent de la faim. Ce problème touche aussi les réfugiés, complètement démunis, et bien souvent sans source pérenne de revenus. Le SIF prend donc en compte ces problématiques dans ces distributions alimentaires régulières, qui incluent toute personne dans le besoin, sans distinction d’origine. Chargée de Programmes au SIF, Colette C. explique :
« Outre l’aide concrète, les distributions alimentaires permettent de créer du lien et de la cohésion entre les réfugiés et les locaux, qui apprennent à se connaître en se côtoyant. De plus, la méthodologie utilisée redynamise l’économie locale : le SIF donne des coupons aux bénéficiaires, qui les échangent contre des denrées chez des petits commerces partenaires. Tout le monde y gagne… »
Bénéficiaire des actions du SIF, cette jeune femme dans le besoin a reçu un coupon qui lui permet de se procurer des denrées chez des commerçants locaux, partenaires du SIF.
Des formations professionnelles personnalisées pour femmes sans ressources
L’une des conséquences de la crise économique est l’effondrement total du marché du travail. Les femmes sont particulièrement touchées : selon l'Administration centrale de la statistique, elles sont une sur trois à être au chômage. Un véritable fléau, qui complique d’autant plus l’intégration des réfugiées syriennes.
D’où la réponse du Secours Islamique France, en collaboration avec la Chambre de Commerce de Tripoli et l’Agence française de Développement : l’accompagnement vers un emploi pérenne de 540 femmes, parmi lesquelles de nombreuses Libanaises et Syriennes.
Bilan de compétences, renforcement des compétences de base, élaboration d’un projet, formations professionnelles, aide à la recherche d’un emploi, ou encore au développement d’une entreprise, suivi de progression, conseils… Ce projet est global et complet, tout en comportant un volet adapté aux réfugiées, explique un membre de l’équipe du SIF au Liban :
« Les réfugiées ont un parcours très difficile, une grande partie ont été touchées par les horreurs de la guerre. Elles ont besoin de reprendre confiance en elles, et de surmonter leurs traumatismes : on leur propose donc une phase de soutien psychosocial. On les aide aussi à s’adapter au marché local : une partie d’entre elles sont diplômées, mais leurs qualifications ne sont pas recherchées au Liban. Une reconversion est donc nécessaire… »
Bénéficiaire des actions du SIF, cette jeune femme dans le besoin a reçu un coupon qui lui permet de se procurer des denrées chez des commerçants locaux, partenaires du SIF.
En Syrie, faciliter la réintégration après des années d’exil
Depuis décembre 2024, les autorités libanaises estiment à 173 000 le nombre de réfugiés qui ont décidé de rentrer en Syrie, à la suite de la chute du régime. Après avoir passé plusieurs années à l’étranger, leurs besoins sont très importants, et leur réintégration à la communauté n’est pas toujours aisée. C’est ce qu’explique Colette C. :
« Quand ils reviennent sur leur lieu de vie, les retournés ne retrouvent pas toujours leur maison, qui a pu être détruite. Cela peut être aussi le cas de leur commerce, de leur lieu de travail, etc. De plus, les conséquences de la guerre ont généralement bouleversé le contexte : par exemple, il n’y a plus ou peu de services publics, en tout cas pas suffisamment pour tout le monde, l’accès à l’eau est limité, et bien d’autres problèmes. Car la communauté a continué à fonctionner sans eux, elle a déjà du mal à s’en sortir, alors, si la population double du jour au lendemain, des problèmes et des tensions peuvent survenir… »
Basé en Syrie, le Secours Islamique France adapte donc ses projets humanitaires à ce contexte, comme dans le cadre des réhabilitations de logement, de l’accès à l’eau et de l’éducation.
L’accès à l’eau potable pour le plus grand nombre
Les 14 ans de conflits ont provoqué une destruction massive des réseaux d’eau. A cela s’ajoutent les conséquences du changement climatique, qui aggravent la situation. Les pénuries sont donc courantes, et le manque d’accès à l’eau potable exerce un impact désastreux sur la santé publique.
Face à cette facette de la crise, le Secours Islamique France pense donc ses projets de façon globale, pour permettre au plus grand nombre d’avoir un accès à la ressource, que ce soient les locaux ou les retournés. Par exemple, nos équipes ont réhabilité les systèmes d’acheminement, les canalisations et les égouts dans de nombreuses zones.
En Syrie, le SIF a procédé à la réhabilitation d’infrastructures pour des quartiers entiers
Le canal réhabilité par le SIF facilite non seulement l’accès à l’eau au plus grand nombre, mais renforce aussi la sécurité alimentaire en soutenant la reprise d’activité des agriculteurs
Des cours de soutien scolaire pour les retournés
Comme les infrastructures liées à l’eau, les écoles ont été durablement touchées pendant le conflit armé. Par manque d’infrastructures, les classes sont surchargées. Dans ces conditions, la scolarité des enfants est perturbée, et il est encore plus difficile pour les jeunes retournés de rattraper leur retard.
Pour apporter des réponses, le SIF agit donc sur deux plans. D’une part, nos équipes procèdent régulièrement à des réhabilitations complètes d’écoles. D’autre part, le SIF propose des cours de mise à niveau aux réfugiés, avec l’objectif de faciliter leur réinsertion dans le système formel en 3 mois. Colette C. décrypte :
« Certains enfants qui reviennent en Syrie partent de très loin. Il n’est pas rare qu’ils n’aient jamais été scolarisés, et ne savent pas tenir un stylo. Le SIF a donc mis en place pour les moins de 15 ans des centres complètement équipés, dans des camps de déplacés ou des écoles. Ils sont accueillis pour des cours de base, savoir lire, écrire, compter. On a aussi prévu du soutien psychosocial pour les enfants, mais aussi pour leurs familles… »
En Syrie, le SIF a mis en place des cours de mise à niveau et des distributions de fournitures pour des enfants revenus en Syrie avec leur famille après des années d’exil à l’étranger
Des réhabilitations de maison aux bienfaits multiples
Quand les retournés reviennent sur leur terre d’origine, il n’est pas rare que leur maison ou appartement ait été fortement endommagés, voire complètement détruits. Avoir un toit étant la base de tout, le SIF en a fait une priorité dans son action d’aide à la réintégration. L’essentiel est remis à neuf : les fondations, les murs, les portes, les fenêtres, le système d’accès à l’eau et à l’assainissement.
Si besoin, des aménagements spécifiques sont ajoutés pour les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, ou encore, les enfants. Pour procéder aux travaux, le SIF fait appel à des entrepreneurs locaux : ce projet stimule donc un marché local en grande difficulté ! Toutefois, nos équipes n’hésitent pas à confier la réalisation de petits travaux aux bénéficiaires qui le souhaitent, conclut Colette C.
« Quand c’est réalisable, on fourni un kit d’outil et de matériel pour que les bénéficiaires s’occupent eux-mêmes de leur maison. L’idée, c’est de leur redonner confiance en eux, ils se sentent dignes car ils retrouvent une forme d’autonomie…»
En réhabilitant des maisons, le SIF aide à la fois des retournés et des petits entrepreneurs locaux, qui souffrent aussi de la crise
LE SAVIEZ-VOUS ?
La crise en Syrie reste d’actualité
Le temps passe, le régime a changé, mais la crise humanitaire demeure. En Syrie, la population reste en grande souffrance après 14 ans de guerre. La reconstruction ne fait que commencer. Sur le terrain, le Secours Islamique France multiplie les évaluations pour identifier les besoins, et développer de nouveaux projets, absolument cruciaux. Toutes nos actions actuelles, et à venir, ne peuvent et ne pourront exister qu’avec votre soutien. Les Syriens ont besoin de nous !
Ne les abandonnons pas !
LE SAVIEZ-VOUS ?
Ne les abandonnons pas !
C’est le nombre record de personnes déplacées internes en 2024, qui a bondi de 50 % en 6 ans, selon l’Observatoire des Situations de Déplacement Interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC) ! Une situation alarmante, provoquée par la multiplication sans précédent de guerres, conflits et catastrophes climatiques. Contrairement aux réfugiés, les déplacés internes n’ont pas de statut juridique, ni de protection particulière, et n’ont pas franchi de frontière : ils ont fui, en quête de sécurité, à l’intérieur même de leur propre pays. Sur le terrain, le SIF mène de nombreux projets pour leur apporter du soutien, et développe des actions de plaidoyer afin de porter leur voix auprès des décideurs. Nous avons d’ailleurs publié une note de positionnement qui propose une analyse et des solutions : Déplacements internes : Enjeux et Recommandations.
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