Pakistan : Le SIF prépare les populations à mieux encaisser les catastrophes liées à l’eau

En ce 22 mars, la Journée Mondiale de l’Eau est consacrée à la préservation des glaciers. Pour l’occasion, le SIF revient sur l’une des réponses mise en place au Pakistan à la suite d’inondations survenues en 2023 dans le district de Chitral, notamment liées à des crues provoquées par la fonte de glaciers.

Les équipes du Secours Islamique France (SIF) peuvent témoigner, au quotidien, des conséquences du réchauffement climatique, et l’impact désastreux qu’il exerce sur les glaciers. Cet aspect a d’ailleurs été intégré aux réponses apportées dans le district de Chitral, au Pakistan, à la suite des terribles inondations de 2023. Ainsi, le SIF mène sur place un projet qui vise au relèvement rapide des populations vulnérables, durement affectées.

L’un des aspects méconnus de ces inondations réside dans leur double origine : aux pluies torrentielles se sont ajoutées des crues dues à la vidange brutale de lacs glaciaires (GLOFs*), initialement formés par la fonte de glaciers. Habitations, cultures, élevage, infrastructures de base, ressources naturelles… La catastrophe a tout dévasté sur son passage.

Un drame soudain et violent : lorsqu’un lac glacière se rompt, il libère une grande quantité d’eau. Ce phénomène est bien souvent causé par des tremblements de terre, des avalanches de glaces, ou encore, la montée des températures. Malheureusement, ce type d’évènement va se produire de plus en plus souvent à cause du réchauffement climatique.

D’où l’importance pour le SIF d’aller au-delà de ses premières actions d’urgence, qui ont permis d’assurer l’essentiel aux sinistrés : rations alimentaires de première nécessité, kits d’hygiène et de cuisine, ou encore, du fourrage pour le bétail.

Ces interventions, nos équipes les ont ensuite complétées en travaillant à renforcer la résilience des communautés locales, pour qu’elles puissent faire face de façon autonome aux futures catastrophes.

C’est crucial dans le district de Chitral : situé dans le nord du Pakistan, il est particulièrement vulnérable aux catastrophes en raison de son terrain montagneux et de son climat.

L’une des solutions apportées par le SIF au Pakistan est de former et soutenir des Comités de Gestion de Catastrophes Villageoises (VDMC). Les personnes qui le composent seront à même de réagir de façon efficace : bons réflexes pour évacuer la population, types de lieux où la diriger pour qu’elle se réfugie, gestes de premiers secours…

En parallèle, le SIF a contribué au développement d’un Plan de Gestion des Risques liés aux GLOFs, en collaboration avec les autorités locales et les parties prenantes. Il a pour objectif de mieux anticiper et répondre aux ruptures des lacs glaciaires, en intégrant des données locales sur l’évolution des glaciers et des prévisions climatiques.

Selon les Nations Unies (FAO et PAM), l’insécurité alimentaire ne cesse de s’aggraver au Pakistan : le pays se classe au 92e rang sur 116 de l’indice mondial de la faim. Pour les populations rurales et isolées telles que celles du district de Chitral, les rendements agricoles sont cruciaux. Le SIF a donc intégré à son projet la distribution de semences plus résistantes aux aléas climatiques du district. Les bénéficiaires ont ensuite été formés à leur bonne utilisation, ce qui leur permet de diversifier les cultures, et d’améliorer leur sécurité alimentaire.

Pour assurer la durabilité des actions, le SIF a impliqué les communautés à chaque étape du projet, garantissant des interventions adaptées et un retour durable à l’autonomie. Un volet clé a été la reconstruction d’un pont essentiel, détruit par les inondations, reliant les villages isolés. Indispensable pour l’accès aux marchés, écoles et soins, sa réhabilitation renforce la résilience et le développement local.

*Glacial Lake Outburst Flood

Les glaciers sont des réservoirs naturels qui stockent 70 % de l’eau douce terrestre (OMM, 2024) et jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement en eau potable, de l’agriculture, l’industrie et la production d’énergie propre. Près de 2 milliards de personnes dépendent de l'eau des glaciers, de la fonte des neiges et du ruissellement des montagnes pour l'eau de boisson, l'agriculture et la production d'énergie. (ONU-Eau/UNESCO)

Pourtant, sous l’effet du réchauffement climatique, leur fonte s’accélère, bouleversant le cycle de l’eau et menaçant des milliards de vies humaines et non-humaines. La disparition progressive des glaciers entraîne des conséquences dramatiques. Dans un premier temps, elle provoque des inondations, des glissements de terrain et des catastrophes. Puis, à mesure que les réserves s’épuisent, elle laisse place à des sécheresses prolongées, perturbant l’accès à l’eau et mettant en péril les écosystèmes.

Actuellement, 2,2 milliards de personnes vivent sans accès sécurisé à l’eau potable, dont 115 millions dépendent de l’eau de surface. Environ la moitié de la population mondiale subit des pénuries d’eau saisonnières. Face à cette réalité, la fonte des glaciers ne fait qu’aggraver la situation, transformant une menace climatique en crise humanitaire.

Les glaciers sont bien plus que de simples masses de glace. Ils régulent le climat, stabilisent les sols et protègent contre certains risques naturels. Mais leur fonte atteint des niveaux alarmants : en 2023, plus de 600 milliards de tonnes de glace ont disparu, un record en 50 ans (OMM, 2024). Cette disparition contribue directement à l’élévation du niveau des mers, qui a déjà gagné 20 cm depuis 1900 (GIEC).

Sans action immédiate, les conséquences seront irréversibles. Selon l’UNESCO, limiter le réchauffement à 1,5 °C permettrait de sauver deux tiers des glaciers situés sur des sites du patrimoine mondial (UNESCO/UICN, 2022)

La préservation des glaciers est une « stratégie de survie ». Considérés comme les « châteaux d’eau» du monde, les glaciers fondent à une vitesse alarmante, mettant en danger des écosystèmes entiers et la sécurité hydrique de milliards de personnes. Pour inverser cette dynamique, il est crucial d’adopter des pratiques de gestion durable et de renforcer la coopération scientifique à l’échelle internationale.

L’action pour la préservation des glaciers passe par une réduction des émissions de carbone à l’échelle mondiale, ainsi que par la mise en place de stratégies locales adaptées aux défis liés au recul des glaciers, pour garantir un avenir prospère et la stabilité mondiale.