Le SIF a participé aux Champions de l’éducation
pour son Projet d’accès à l’éducation
non-formelle et à la protection en Syrie
Le Secours Islamique France (SIF) a présenté le 22 septembre 2020 son Projet d’accès à l’éducation non-formelle et à la protection en Syrie. C'était à l’occasion des « Champions de l’Education », dédiés à la réponse en matière d’éducation en contexte de Covid19 avec un focus sur les questions d’équité et d’inclusion. Le projet est mené en partenariat avec l'UNICEF.
Les Champions de l’éducation sont des événements réguliers coorganisés par la Coalition Éducation, dont le Secours Islamique France est membre, et l’Agence Française de Développement. Ils visent à faciliter la collaboration et l’échange d’expériences entre les organisations de la société civile impliquées dans l’accès à l’éducation, à l’international.
Plongez en vidéo au cœur de notre webinaire avec l'intervention
de la référente technique enfance du SIF, Elsa Bourget.
Avant la crise du COVID, plus de 2.1 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés en Syrie et 1.3 millions d’enfants étaient à risque de décrochage. Dans ce pays ravagé par la guerre depuis 2011, un tiers des écoles sont abîmées ou détruites, plusieurs centaines ayant subies des attaques ciblées. Les enfants sont de plus en plus exposés aux violences les plus graves et à l’extrême pauvreté, ce qui contribue au développement d’un haut niveau de détresse psychosociale.
Comment assurer l’accès de toutes et tous, y compris des enfants les plus vulnérables à une éducation de qualité ? Lorsqu’une nouvelle crise liée à la COVID-19 entraîne la fermeture des espaces d’apprentissage et exacerbe les vulnérabilités et disparités préexistantes, comment maintenir les opportunités d’apprentissage pour ces enfants tout en assurant leur protection ?
Le Projet d’accès à l’éducation non-formelle et à la protection en Syrie mené par le Secours Islamique France depuis 2019 vise à assurer un accès équitable à l’éducation et à la protection pour 9 000 enfants non scolarisés ou à risque de décrochage scolaire. En offrant l’accès à des opportunités d’éducation non-formelle, dans des centres communautaires et des écoles publiques, nous permettons aux enfants d’intégrer ou réintégrer le système éducatif formel et d’achever leur scolarisation.
Cette action est aussi rendue possible grâce aux activités de protection intégrées à ces activités éducatives, qui contribuent à surmonter les barrières à l’éducation et à renforcer la résilience des enfants les plus vulnérables face aux traumatismes qu’ils ont pu vivre.
Le SIF soutient ainsi un ensemble de services de prévention et de réponse à base communautaire : sensibilisation aux risques des mines non explosées, aux violences basées sur le genre, soutien psychosocial, gestion de cas individuel et, si besoin, référencement vers des services spécialisés de protection.
Par cette approche holistique, nous nous assurons que le plus grand nombre d’enfants puisse jouir de leur droit à l’éducation de manière équitable, tout en se sentant en sécurité.
Avec la crise soudaine de la COVID-19, les équipes du SIF ont su s’adapter et réagir rapidement pour adapter notre programme. Ainsi, malgré la fermeture des écoles et des centres dès mi-mars 2020, l’éducation à distance a pu être assurée durant le confinement : des contenus d’éducation alternatifs ont été créés et adaptés, des classes virtuelles ont été mises en place via des groupes Whatsapp dès le 1er avril. Les centres ont pu rouvrir le 10 juin dans l'optique d’accueillir à nouveau les enfants, puis les écoles le 9 août.
Grâce à ce projet, 770 enseignants ont pu être formés, 9 102 enfants (dont 52% de garçons et 48% de filles dont 1 625 en situation de handicap) ont pu bénéficier de notre programme d’éducation non formelle, 2203 enfants non scolarisés sont retournés à école et 7 508 enfants et jeunes ont pu bénéficier d’activités de protection.
Dans les contextes de crise, comme en Syrie, l’inclusion de tous dans les programmes est d’autant plus complexe à assurer du fait des nombreuses vulnérabilités auxquelles il faut répondre. Une approche la plus intégrée possible est nécessaire : pour assurer l’éducation des enfants ou leur retour dans le système scolaire, il est impératif d’assurer leur protection. Il faut donc également des moyens adéquats maus aussi et surtout, suffisants.
En Syrie, les financements humanitaires récents ont été principalement dédiés à la réponse à la COVID-19 sur d’autres secteurs que l’éducation et la protection. Aujourd’hui, seulement 0.53% de l’aide humanitaire globale est relayée sur la protection (soit 172 millions $USD en 2018[1]). C'est la preuve évidente d'un besoin urgent d’une meilleure répartition des financements humanitaires.
Les financements multilatéraux pour l’accès à l’éducation en zone de crise doivent aussi être priorisés, accrus, et flexibles pour répondre rapidement aux chocs et donc à une seconde vague potentielle. Jusqu’à ce jour, seulement 2,1% du financement humanitaire est alloué à l'éducation selon le Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO[2].
[1] “Unprotected : crisis in humanitarian funding for child protection”, The Alliance for Child Protection in Humanitarian Action, Save the Children International, 2019
[2] Messages de plaidoyer de l'INEE pour la période de pandémie et post-pandémie de Covid-19, « Prioriser, protéger et planifier l'éducation ».
Dans un contexte de crise tels que le COVID-19, marqué par plusieurs vagues qui se succèdent, les enfants ne doivent pas être davantage laissés pour compte. En réponse à la pandémie, les différents plans doivent viser à renforcer et prioriser les services sociaux de base comme l’éducation et la protection en fournissant une réponse intersectorielle et coordonnée.
En Syrie, le retour à l’école pour tous doit être encouragé et assuré. Il paraît nécessaire de tenir compte des normes de protection, tout en prévoyant un solidaire soutien psychosocial. La fermeture des écoles doit être évitée autant que possible : elles restent un lieu de sociabilisation et un environnement protecteur pour les enfants syriens traumatisés par la guerre. Les confinements ne font qu'exercer un nouvel impact psychosocial néfaste.
En outre, des approches d’apprentissage plus flexibles peuvent être mises en place. La participation du Secours Islamique France (SIF) aux Champions de l’Éducation a également constitué été l’occasion de rappeler que la fracture numérique est à l’origine de nombreux décrochages scolaires. Il convient donc d’améliorer l’accès aux technologies informatiques et à Internet. C'est le meilleur moyen de pouvoir mener des approches alternatives d’apprentissage à distance.
Enfin, il est important de renforcer le système formel éducatif syrien. C'est l'une des conditions sine qua non pour ne pas risquer, une fois de plus, de voir l'avenir de milliers d'enfants s'assombrir parce qu'ils auront été contraints de quitter l'école prématurément...