Le temps passe, les conséquences du cyclone Chido demeurent. Survenue à Mayotte le 14 décembre dernier, la catastrophe a tout ravagé sur son passage, laissant derrière elle des familles endeuillées, et de nombreuses zones dévastées. « Des familles entières peinent à se relever de ce cyclone, qui a semé le chaos » alerte Léo A., le Responsable de développement de la Mission sociale du Secours Islamique France (SIF) sur le territoire national.
Face à ce drame, le SIF s’était organisé très rapidement. Dans un premier temps, une équipe avait été dépêchée sur place pour des actions d’aide d’urgence. Quatre jours après Chido, c’est ainsi 1400 colis alimentaire et autant de kits d’hygiène qui avaient été distribués à des sinistrés à Kawéni, l’un des plus grands bidonvilles d’Europe situé dans la banlieue de Mamoudzou, Chiconi, Tsingoni et Petite-Terre.
Des réponses très importantes, pour des personnes qui venaient d’encaisser l’un des pires cyclones de toute l’histoire de l’archipel, le plus violent depuis un siècle. Une grande partie a tout perdu dans la catastrophe ! D’où l’importance pour les SIF de poursuivre ses interventions, ce qu’il a fait à l’occasion de Ramadan en mobilisant plus de 40 tonnes d’aide humanitaire.
Pendant un mois, les actions se sont succédées les unes aux autres : les équipes du SIF ont ainsi distribué 12 600 repas dans les quartiers les plus précaires de Mamoudzou, où 100 colis ont également été ajoutés à l’opération. Dziki (68 ans) fait partie des bénéficiaires :
« La vie était déjà très difficile ici, elle l’est encore plus depuis Chido. Il n’y a plus du tout de travail. Je propose autour de moi de faire des petits travaux pour gagner un peu d’argent, mais plus personne n’a les moyens. Alors, je dois me battre pour pouvoir manger tous les jours. Heureusement, il y a de l’entraide, mais ce n’est pas automatique. Je prie de toute mes forces pour que la situation s’améliore, mais j’ai du mal à garder de l’espoir… »
Cette grande précarité, nos bénévoles mahorais en sont témoins tous les jours. L’un d’eux confie :
« A Kaweni, des enfants, des femmes et des hommes sont en grande souffrance. Ils vivent dans des conditions absolument catastrophiques, et ont besoin d’aide pour subvenir à leurs besoins du quotidien. Les conséquences du cyclone perdureront longtemps, malheureusement, des personnes ont absolument tout perdu »
Par absolument tout perdu, notre bénévole fait notamment référence aux cultures ravagées par le cyclone. A Mayotte, de nombreuses personnes en situation de précarité vivaient d’un petit potager voire même d’un champ à taille humaine. D’où l’importance pour le SIF d’intervenir aussi en zones rurales : pendant Ramadan, c’est 1 500 colis alimentaires qui ont été distribués dans la partie nord de l’île principale, à Acoua, Tsingoni et Kali Kéni.
C’est dans ce village que vit, dans une maison faite de bric, de broc et de tôle, Msaidie, une personne âgée de 81 ans. Celle qui vendait quelques légumes sur le marché (sur)vit désormais grâce à la solidarité de ses voisins. Découvrez son histoire dans cet article, et visionnez son témoignage, poignant, dans notre vidéo ci-dessous.
Comme le montre le témoignage de Msaidie, d’innombrables personnes ont besoin d’aide sur le long terme, à Mayotte. Le SIF en est bien conscient, comme l’explique Romane B., Chargée de Programmes humanitaire :
« Lors des distributions de Ramadan, j’ai pu échanger avec beaucoup de bénéficiaires. Ce qui revient beaucoup, c’est la perte de l’activité génératrice de revenus, essentiellement liées à l’agriculture. Des arbres se sont écroulés sur les champs, causant de gros dégâts, et la perte des cultures. D’autres personnes ont perdu leur élevage, leurs poules, par exemple, n’ont pas survécu au cyclone. Pour beaucoup, il avait fallu de nombreuses années pour construire leur activité, et tout a été détruit en un clin d’œil. Ces gens n’ont plus aucune perspective… »
Face à ces problématiques, le Secours Islamique France travaille à différents scénarios pour continuer d’agir à Mayotte. Les activités génératrices de revenus, la sécurité alimentaire, mais aussi la protection de l’enfance, sont des possibilités sérieusement étudiées, comme le décrypte Léo A. :
« On est à Mayotte depuis Chido, et on se rend bien compte que les besoins sont très importants. Le SIF a de nombreuses expertises qui peuvent servir sur place, alors, on étudie minutieusement la façon dont on pourrait intervenir efficacement et durablement pour accentuer l’impact exercé par nos actions sur l’archipel… »
En attendant, le SIF a déployé une autre action d’urgence : 80 purificateurs d’eau ont été livrés à des mairies, qui ont décidé de les installer dans des écoles. Autonomes en énergie puisqu’ils fonctionnent manuellement, ces dispositifs légers et portables peuvent filtrer 3 litres d’eau par minute. Une action importante, dans un contexte où les risques sanitaires liés à l’eau sont avérés et dénoncés par les médias locaux…
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