Après 15 mois de conflit à Gaza, un cessez-le-feu est entré en vigueur dans la matinée du dimanche 19 janvier. Un premier pas vers la paix, dans un contexte très difficile. Sur place, les besoins sont immenses : les hostilités ont provoqué une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent dans la zone. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Pour la population civile de Gaza, la situation reste critique : les Nations Unies n'ont pas hésité à parler de famine, le stade mortel de la faim.
Face au danger permanent des bombardements, plus de 2 millions de personnes (soit 90 % de la population) ont dû prendre la fuite dans la partie sud de la Bande de Gaza, et vivent désormais sur 10 % du territoire, regroupés dans des camps de fortune, surpeuplés et insalubres !
A Gaza le Secours Islamique France (SIF) déploie des actions d'urgence pour soutenir la population de Gaza. En dépit de nombreuses contraintes, et de l'insécurité permanente, nous avons pu déployer des distributions d'aide alimentaire et d'eau potable pour plusieurs centaines de milliers de personnes.
En ce mois de janvier, nous avons déployé distributions de colis de légumes à Deir Al Balah et Khan Younès pour 45 000 personnes, et avons commencé de servir des milliers de repas chauds, une opération prévue sur un mois. Plusieurs actions supplémentaires sont programmées : distribution de 1 000 tentes, 5 000 couvertures et 5 000 matelas, l’acheminement d’eau potable pour plus de 100 000 personnes, l’assainissement de camps de déplacés par le déblaiement des débris et la mise en place d’un système de gestion des déchets, ou encore, la distribution de 36 000 dispositifs contre les insectes nuisibles, vecteurs de maladies potentiellement mortelles, d'autant plus dans un contexte où les conditions d'hygiène sont désastreuses.
Si le cessez-le-feu peut être accueilli avec soulagement, restons mobilisés : continuer d'apporter de l'aide humanitaire à Gaza est absolument vital !
Les actions en cours viennent d'ajouter à de nombreux projets menés sur place depuis octobre 2023. En décembre 2024, nos équipes ont déployé une nouvelle action de grande ampleur, cette fois-ci contre la malnutrition des enfants et des femmes enceintes, à Gaza. Si l’ouverture sporadique des postes-frontières pour l’aide humanitaire nous a contraint à patienter plusieurs semaines, nous sommes parvenus à faire entrer un chargement de plus de 38 tonnes d’aliments thérapeutiques. Dans les vidéos ci-dessous, découvrez les coulisses et étapes de l'organisation d'une opération qui a pu voir le jour grâce à la générosité de nos donateurs.
Face à la famine, de l'aide alimentaire pour les enfants, en détresse dans les hôpitaux et centres de santé
Très denses en nutriments, ces denrées appelées Plumpy'nut sont spécialement conçues pour lutter contre la malnutrition infantile sévère. Les distributions ont débuté le 4 décembre 2024, en collaboration avec un partenaire local, et s’adressent à 30 000 personnes : des enfants extrêmement fragilisés, âgés de 2 à 15 ans, ainsi que des femmes enceintes ou allaitantes pour qui il existe une version adaptée. Chaque bénéficiaire reçoit de quoi tenir au moins un mois. Pour optimiser l’efficacité de cette action, notre équipe s’est coordonné avec des hôpitaux et des centres de santé : ces aliments impliquent un suivi médical.
Une action cruciale : à gaza, plus de 14 000 enfants ont perdu la vie en un an
À bout de souffle, le personnel médical travaille en flux tendu, et doit composer avec des stocks alimentaires très faibles, voire même bien souvent complètement épuisés. Au regard de la gravité de la crise en cours, ce type d’action sauve des vies : selon l’UNICEF, à Gaza, au moins 14 000 enfants ont succombés en un an de guerre, une grande partie des conséquences de la faim. Une situation qui inquiète profondément Mohammed A., le Chef de Mission du SIF à Gaza :
« A Gaza, les enfants sont les première victimes de la crise. Certains ont perdu leurs parents, tous sont traumatisés par les bombardements, et ils sont innombrables à s’être déplacés sur le territoire, en quête de sécurité. Ils ne vont plus à l’école, vivent dans des camps, où leurs conditions de vie ne seraient même pas dignes de celles d’un animal. Il fait pleut, il fait froid, la faim et le manque d’eau potable les rongent, ils sont des milliers à tomber gravement malades. Les enfants sont pris au piège de la guerre, et, au lieu de s’amuser et d’apprendre de nouvelles choses à l’école, ils risquent de mourir à tout moment… »
À Gaza, le sif multiplie les actions depuis le début de la crise - aide alimentaire, eau potable...
Cette intervention d’urgence contre la malnutrition des enfants vient compléter les nombreuses actions menées par le Secours Islamique France à Gaza depuis le début de ce conflit, en octobre 2023. Fin août, nos équipes avaient notamment procédé à une distribution de colis de viande pour 100 000 personnes déplacées dans les zones de Deir Al Belah et Khan Younes.
Par ces actions, nous avions relayé la générosité dont nos donateurs avaient fait preuve lors de l'Aïd El Kébir. Il avait été impossible d'agir immédiatement à cause de la fermeture totale du point de passage de Rafah. Le SIF avait donc conditionné et congelé plusieurs dizaines de tonnes de viande selon un procédé respectant les normes sanitaires, avant de les stocker dans des chambres froides.
En débit du contexte difficile, nous avons finalement trouvé une alternative pour entrer dans Gaza, et acheminer la viande par camions frigorifiques, avant de déployer les distributions. Un soutien alimentaire absolument crucial, explique Narinam, membre de l'équipe du SIF.
« A Gaza, la faim est partout. Ces colis de viande avaient été reçus comme des trésors par les bénéficiaires: cette denrée est très rare, donc très chère ! Cette action est donc très importante d’un point de vue alimentaire, tout en apportant du réconfort moral : les Gazaouis se sentent oubliés, cela leur fait un bien fou de sentir que des personnes pensent à les aider… »
Lors de l'Aïd Al Adha, nous avions toutefois pu distribuer des colis de viande pour 7 000 des réfugiés Gazaouis en Égypte. Dépourvues de tout, ces personnes sont extrêmement fragilisées par ce qu'elles ont vécu, et n'ont plus aucun moyen d'existence.
QUAND LES CONDITIONS SONT RÉUNIES, LE SECOURS ISLAMIQUE FRANCE ACHEMINE LE SOUTIEN ALIMENTAIRE DEPUIS L'ÉGYPTE, VIA RAFAH, OU SE FOURNIT DIRECTEMENT AUPRÈS DE PRODUCTEURS LOCAUX À GAZA.
À Gaza, le SIF apporte de l'aide d'urgence quand le contexte le permet. Depuis le début de ses interventions, notre ONG s'est adapté en procédant de deux façons : l'une d'entre elles consiste à acheminer les denrées depuis l'Égypte, ce qui suppose que le poste-frontière de Rafah soit ouvert. Nos chargements patientent alors quelques jours au poste-frontière de Rafah, où les camions humanitaires n'entrent qu'au compte-goutte. Les équipes du SIF réceptionnent ensuite les colis alimentaires dans la partie sud de la Bande de Gaza, avant de les distribuer.
En parallèle, quand c'est possible, le Secours Islamique France achète des fruits et des légumes à l’intérieur même de Gaza. Quelques fournisseurs et marchés locaux ont réussi à préserver du stock, malgré les destructions et les graves pénuries. Des opportunités rares, qui permettent de gagner du temps, et de stimuler une économie locale complètement à genoux. C'est aussi une façon de continuer d'agir pendant les périodes de fermeture totale du poste-frontière de Rafah.
« TOUT LE MONDE, SANS EXCEPTION, A BESOIN D'AIDE HUMANITAIRE » À GAZA, ALERTE LEILA, DE L'ÉQUIPE LOCALE DU SIF.
Pendant Ramadan, le SIF avait concilié les deux méthodes. Une fois de plus, Leila, 25 ans, membre de l'équipe du SIF à Gaza, participe aux distributions. Mère d'une petite fille de 2 ans, elle est parvenu à trouver la force de continuer d'aider les autres, alors qu'elle souffre très durement des conséquences du conflit et dépend elle-même de l'aide humanitaire ! Leila a accepté de témoigner. La version complète est ici. En voici un extrait, tandis que les témoignages audio de son collègue Ryad sont à découvrir en suivant ce lien.
« S’aventurer dehors est un risque pour nos vies, mais on doit sortir dans l’espoir de trouver de la nourriture et de l’eau, puis on rentre, épuisés. Ici, à Gaza, on ressent tous de la peur à chaque instant. Ce conflit dure, on n’entrevoit pas le moindre signe d’une issue prochaine. La situation est tellement grave que tout le monde, sans exception, a besoin d’aide humanitaire. Les colis alimentaires sont donc d’un soutien vital. Ils aident les bénéficiaires à tenir, que ce soit par leur valeur nutritionnelle, ou le réconfort qu’ils leur apportent. Les distributions figurent d’ailleurs parmi les rares moment où l’on voit des enfants sourire… »Si le Secours Islamique France est en capacité d'agir en Palestine par des réponses d'urgence à la crise humanitaire qui frappe Gaza, c'est grâce à la générosité des donateurs. Responsable du bureau local du Secours Islamique France, Adel K. tire la sonnette d'alarme :
« Les Gazaouis n'ont plus rien. Certains en sont réduits à manger de l'herbe, des épices, ou de la nourriture pour animaux ! Des personnes, dont de nombreux enfants, meurent de faim ! Notre priorité absolue reste les distributions alimentaires. Je veux dire aux donateurs qu'ils doivent rester mobilisés à chaque instant : à Gaza, des familles entières ont besoin de vous. Ne les oublions pas ! »
Depuis le début des hostilités, le SIF s’est associé à d’autres ONG pour appeler à plusieurs reprises à un cessez-le-feu et à l’ouverture d’un corridor sécurisé. Par exemple, nous avons pris part avec 13 de nos pairs à cette tribune, publiée fin décembre par le journal Libération. Un cessez-le-feu est absolument capital pour accélérer et faciliter l’acheminement ou encore la distribution de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. C'est tout aussi important afin de renforcer encore un soutien qui lui est vital. Dans les conditions actuelles, le danger est constant, que ce soit pour les équipes du SIF, comme pour les bénéficiaires des actions d'urgence.
Des membres de notre staff ont également témoigné dans les médias de leur difficile quotidien à Gaza, comme l'a fait dans le journal La Croix notre collègue Leila. Elle a notamment confié qu'à « cinq reprise, nous [elle et sa famille] avons changé de lieu, en direction du sud, en quête de sécurité. Nous ne l’avons jamais trouvée. » De leur côté, Mahieddine Khelladi, Directeur exécutif du SIF, et Adel K., Chef de Mission, ont tiré la sonnette d'alarme dans le journal Le Monde.
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