RAMADAN À MAYOTTE

Présent dans l’archipel depuis son intervention d’urgence en réponse au cyclone Chido, le Secours Islamique France (SIF) apporte, tout au long de ce mois, de l’aide alimentaire à des personnes extrêmement vulnérables, parmi lesquelles de nombreux enfants.

Nous sommes le samedi 15 mars, dans le quartier très précaire de Disma, situé à Kawéni, près de Mamoudzou, la principale ville de Mayotte. Ici, la population survit dans l’insalubrité de bidonvilles faits de tôle, de tissus et de bois. Les stigmates laissés par le puissant cyclone Chido sont profonds : nombre des maisons de fortune n’ont plus de toit, et des débris se sont accumulés partout, comme si la catastrophe était survenue la veille. C’est dans ce paysage de désolation que le Secours Islamique France (SIF) a implanté l’un de ses trois sites pour les actions d’aide alimentaire de Ramadan.

Trois mois après le cyclone Chido, tout reste à reconstruire : ici, dans le bidonville où le SIF organise l’une de ses distributions de Ramadan, les dégâts sont immenses

A Mayotte, nos bénévoles distribuent 400 repas chaque jour tout au long de ce mois : une aide très importante dans un archipel où 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Un chiffre alarmant, qui est cinq fois plus élevé qu’en métropole ! Les files d’attente qui se forment à l’heure des distributions trahissent d’ailleurs les graves problèmes de malnutrition infantile qui frappent l’archipel, tant les enfants sont nombreux, parfois seuls, parfois accompagnés de leur famille.

« Les enfants sont extrêmement fragilisés, la faim entraîne des retards de croissance, explique Léo A., Responsable des actions du SIF à Mayotte. C’était déjà très compliqué avant le cyclone, c’est pire maintenant. Globalement, les gens sont épuisés par la misère. Jour après jour, je vois leurs visages changer et se creuser. Malgré leur courage et leur résilience, ils se sentent abandonnés, et ont l’impression qu’ils ne s’en sortiront jamais. Pour eux, ces distributions de repas sont une immense bouffée d’oxygène qui les aide à tenir… »

Depuis le cyclone Chido, la malnutrition infantile gagne encore du terrain à Mayotte : les repas du SIF contribuent à les aider à tenir

Une bouffée d’oxygène, et une source de réconfort pour Kassai. En ce 15 mars, ce jeune Mahorais de 16 ans est descendu des hauteurs de la ville pour venir chercher des repas qu’il partagera avec toute sa famille. Son quotidien est très compliqué : sa maison a été balayée par le cyclone Chido, et il vit désormais dans une maison de tôle avec ses parents, ses frères et ses sœurs. « S’il n’y avait pas d’associations comme le SIF, indique-t-il, on ne recevrait pas d’aide, ou très peu, alors qu’on en a vraiment besoin. Le cyclone n’a rien laissé derrière lui, on vit dans des ghettos où on doit se battre pour notre survie… »

En plein cœur d’un bidonville de Mayotte, l’une des distributions alimentaires du SIF est très attendue par les habitants, dont le quotidien a encore été dégradé suite au cyclone.

Au total, le Secours Islamique France a prévu de distribuer plus de 12 000 repas en ce Ramadan. Cette action complète les interventions d’urgence lancées dans les jours qui avaient suivi la catastrophe, et sera suivie, le 28 mars, d’un grand Iftar organisé dans un stade pour 1200 personnes démunies. En outre, plus de 1500 colis alimentaires seront distribués d’ici la fin du Ramadan, ce qui représente 40 tonnes d’aide humanitaire !

En parallèle, le SIF se prépare à déployer une autre action d’urgence pour un meilleur accès à l’eau. Plus de 120 purificateurs d’eau ont été acheminés par notre ONG, et seront rapidement distribués, en partenariat avec plusieurs mairies, dans des écoles. « Ces purificateurs sont faciles d’utilisation, et ne nécessitent pas de source d’énergie, conclut Léo A. Performants, ils sont particulièrement adaptés au contexte local, marqué par une crise inédite d’accès à l’eau… »

A Mayotte, les équipes du SIF interviennent là où les besoins l’exigent : une partie des colis alimentaires seront livrés aux personnes trop fragilisées pour se déplacer.